Pauvres «experts»
Kamel Moulfi – Sur les plateaux et dans les studios des médias lourds officiels, une idée fixe fait tourner en rond des experts «institutionnels» qui cherchent à convaincre leur monde que tous les problèmes de l’Algérie viendraient des subventions qui permettent aux couches sociales défavorisées d’acheter, comme le reste de la population, le pain et le lait, et d’avoir, comme les autres aussi, de l’eau et de l’électricité et de bénéficier éventuellement de soins. Les discours de ces «experts» sont à la fois homériques et amusants. Ils tentent vainement d’arracher une constante «sociale» forgée dans le feu de la guerre de libération par les moudjahidine et solidement rivée dans la politique du pays dès la conquête de l’indépendance. Le côté amusant est dans leur recherche d’arguments à l’emporte-pièce construits sur le même refrain de «riches et pauvres qui achètent le pain et le lait aux mêmes prix subventionnés», ce qui n’est pas du tout prouvé, à moins que dans la catégorie «riche», ils mettent une partie des couches moyennes qui tiennent à bénéficier de cette tranche de la politique sociale de l’Etat. Par ignorance ou mauvaise foi, les pourfendeurs des subventions inscrivent au bas de la facture du soutien des prix de quelques produits alimentaires de base et des tarifs des services publics, le montant de tous les transferts sociaux, en vrac. Le discours antisocial est d’autant moins crédible qu’il ignore sciemment des gisements financiers énormes qui pourraient en un clin d’œil répondre aux exigences budgétaires du pays. Il suffit de regarder du côté des dilapidations de formes et de sources diverses qui ne profitent pas du tout aux pauvres et, comme on dit, ponctionner les yeux fermés, sans grand risque de commettre une injustice tant l’impunité a régné sur ces délits punis par la loi. Le pouvoir a raison d’être prudent face à la délicate question des subventions. La sortie de rue réussie à Alger, dimanche dernier, de l’Intersyndicale pour protester contre le projet du nouveau code du travail est un avertissement qui devrait être entendu et pris en considération si on veut éviter l’explosion sociale.
K. M.
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