Fourches caudines inévitables ?
Par Kamel Moulfi – Le ministre algérien de l’Energie, Noureddine Boutarfa, visiblement optimiste, vient d’annoncer que la baisse de production de pétrole sera plus importante le mois prochain et conduira à un rééquilibrage du marché mondial durant le premier semestre 2017. Si les spécialistes divergent sur les niveaux qu’atteindront les hausses des prix dans le moyen terme, aucun ne prévoit une nouvelle chute brutale des cours après les deux accords sur la réduction de la production, intervenus au sein de l’Opep et entre celle-ci et les pays non-Opep, destinés justement à stabiliser le marché de l’or noir et faire remonter ses prix.
Les cours pronostiqués par les analystes pour 2017 oscillent entre un minimum à 50 dollars le baril et un maximum à 60 dollars. Certaines projections sur le futur, à l’horizon 2025, voient nettement plus haut. Hier, jeudi, le cours du baril de Brent à la Bourse de Londres a évolué aux alentours de 54 dollars. C’est dans la fourchette envisagée. Mais un gros inconvénient risque d’amoindrir l’efficacité de l’accord : la hausse du prix pourrait entraîner une augmentation de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis. A cela s’ajoutent des facteurs d’incertitude concernant l’effectivité de la mise en œuvre des réductions et les niveaux de production des pays «dispensés» par ces accords, comme la Libye et le Nigeria. C’est ce qui explique les pronostics prudents de ceux qui disent qu’il faut encore attendre plusieurs mois pour voir l’impact de la décision de l’Opep sur les prix du pétrole.
Les pays producteurs, durement touchés par la baisse de leurs revenus extérieurs, dont l’Algérie, se sont lancés dans une intense activité diplomatique non pas pour empêcher le pire, c’est-à-dire un retournement du marché, que les analystes semblent exclure, mais surtout pour consolider le mouvement de réduction de la production. On le voit, la situation reste fragile, mais elle n’oblige pas notre pays à passer par les fourches caudines et subir les conditions des institutions financières internationales, Fonds monétaire international (FMI) et Banque mondiale (BM), postées comme dans une embuscade. Mais pour leur échapper, il faut renouer avec le réflexe salutaire du «compter sur soi-même» et moins dépendre d’une seule ressource dont la vente est trop aléatoire.
K. M.
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