2017, année des «casseurs» ?
Par Kamel Moulfi – Les «casseurs», qui ont voulu placer l’année 2017 sous leur signe et ont profité de la grève des commerçants de Béjaïa pour le signifier aux Algériens, ont confirmé que leurs actes de vandalisme, qui font invariablement l’objet d’une récupération politique par les uns et les autres, n’ont pas d’autres buts que le saccage et le pillage. Ils l’ont montré la première fois en octobre 1988, puis en juin 2001, et ne manquent pas une situation de trouble pour aller se servir dans les magasins, comme s’ils étaient munis de bons d’achat, et en sortir fièrement les bras chargés de leur butin, un téléviseur neuf encore sous emballage ou un micro-ordinateur pris dans un bureau…
Croire faire la morale aux casseurs en leur disant que leurs actes sont une marque d’incivisme est totalement vain. Le pire est qu’ils ont certainement compris le rôle que leur accordent les politiques, qui ont montré que, finalement, ils besoin d’un minimum de casse, soit pour mettre en difficulté le pouvoir face au désordre – aux «émeutes», pour reprendre le terme médiatique –, soit pour discréditer les manifestations de l’opposition, voire les interdire, comme cela s’est fait pour Alger après la marche de juin 2001. Le mouvement de grève de Béjaïa a également confirmé que, périodiquement, des occasions sont servies sur un plateau d’argent, par les «uns» et les «autres», aux manipulateurs et provocateurs.
A la base, il y a l’indigence en communication institutionnelle qui nourrit la désinformation de l’opinion publique. C’est après coup que les citoyens ont la confirmation, par la voix d’un ministre, que «l’Etat algérien est le premier à se soucier du pouvoir d’achat des citoyens» et qu’il n’y a «aucune remise en cause des acquis sociaux dans la loi de finances de 2017», avec chiffre à l’appui : «L’Etat a consacré plus de 10 milliards de dollars au maintien du subventionnement au profit des citoyens.» Le Premier ministre Abdelmalek Sellal l’avait dit à la télévision avant les «émeutes» de Béjaïa, mais le mouvement était déjà en marche.
K. M.
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