La nouvelle ruse des islamistes
Par Kamel Moulfi – Très mal partis pour les législatives, trois partis islamistes ont choisi de sceller leur alliance électorale autour d’une «feuille de route» qui comprend entre autres «engagements», celui de «parachever le message des martyrs en instaurant une république démocratique et sociale souveraine dans le cadre des principes islamiques tel qu’énoncé dans la Déclaration du 1er Novembre». Qu’est-ce-à-dire ? Que l’Algérie actuelle est mécréante ?
La référence à ce passage de l’Appel du 1er Novembre n’est évidemment pas innocente. Ce n’est pas la première fois, du reste, que des islamistes s’en emparent et s’en servent pour donner une légitimité à leur projet de société contraire aux valeurs portées par Novembre. On peut penser que, pour Djaballah et ses alliés, il s’agit même d’une façon honteuse de reprendre sous une forme grossièrement déguisée le mot d’ordre d’«Etat islamique». Un mot qui fut brandi ouvertement, à la fin des années 1980 et au début 1990, par le FIS dissous dont les dirigeants ne cessaient de clamer, dans tous leurs meetings, «ni Charte ni Constitution» et «démocratie kofr», traduisant leur volonté de rompre avec les référents fondamentaux de l’Algérie, à commencer par le drapeau et l’hymne nationaux.
Sur cette base, toute une campagne de désobéissance contre l’Etat algérien fut lancée, vite accompagnée par le terrorisme qui a endeuillé le pays mais qui a heureusement été vaincu. Ce qui ressemble, dans le contexte actuel, à une surenchère «nationaliste» chez Djaballah, est certainement destiné à l’électorat résiduel du FIS dissous pour leur dire que leur revendication d’Etat théocratique est conservée mais formulée différemment, la lutte politique étant, chez les islamistes, une affaire de ruse.
Mokri est dans la même démarche de «récupération», mais avec une tactique différente. Djaballah se veut plus intelligent en ciblant en même temps les islamistes proches du FLN. Il fait mine d’ignorer que l’Appel du 1er Novembre, qui a été rédigé en français par des patriotes que l’on pourrait qualifier aujourd’hui de «laïcs», est imprégné d’un esprit de tolérance et d’ouverture que les mouvements islamistes combattent parce qu’il est incompatible avec leur archaïsme.
K. M.
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