Le permis de tuer de l’ONU
Par Khider Cherif – C’est aujourd’hui que le Conseil de sécurité de l’ONU doit se prononcer sur un projet de résolution appuyant une initiative onusienne visant à relancer les négociations entre le Front Polisario et le Maroc en vue du règlement du conflit du Sahara Occidental vieux de plus d’une quarantaine d’années. Tel qu’il est actuellement formulé, ce projet de résolution est plus de nature à aggraver le problème qu’à le résoudre. Par rapport à toutes les résolutions adoptées jusque-là sur le conflit, il constitue une sérieuse régression.
Outre de faire étrangement la part belle au Maroc, cette résolution met une pression terrible sur le Front Polisario, duquel il est exigé de se retirer immédiatement et sans conditions de Guerguerat et évacuer complètement le contexte qui a conditionné l’occupation par l’Armée sahraouie de libération de cette localité tampon entre le Sahara Occidental et la Mauritanie. En parallèle, il n’est absolument rien demandé au Maroc qui occupe illégalement ce pays depuis 1975, malmène la Minurso et viole régulièrement l’accord de cessez-le-feu de 1991 qui devait déboucher sur l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Autant dire que l’ONU se fait là la complice d’une injustice des plus flagrantes.
Si cette résolution inique passe en l’état, Antonio Guterres devra assumer les conséquences qui en découleront, car il est peu probable que les Sahraouis, qui ont déjà fait beaucoup de concessions et consentis à jouer le jeu de la paix, alors qu’ils avaient tout à gagner à poursuivre la lutte armée, acceptent de se faire une nouvelle fois humilier et duper. Ils ont déjà trop donné et trop attendu.
En ignorant sciemment aussi toutes les batailles juridiques gagnées par le Front Polisario contre le Maroc, dont la dernière, l’une des plus cinglantes, remonte à peine au mois de décembre dernier (Cour européenne de justice), et en occultant les graves violations des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés, le projet de résolution sur lequel planche actuellement le Conseil de sécurité de l’ONU est un permis de tuer… un blanc-seing donné au Maroc pour poursuivre sa colonisation. Il n’est absolument pas une lueur d’espoir pour les Sahraouis, comme le prétend Antonio Guterres. Au contraire, elle les persuade un peu plus que leur liberté ne pourra s’arracher que par les armes. Si le son des kalachnikovs se fait à nouveau entendre dans la région, ce sera bien à cause de l’ONU.
K. C.
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