Djamel Kaouane : préjugé favorable
Par Sadek Sahraoui – Le nouveau ministre de la Communication, Djamel Kaouane, a bien raison d’ordonner un audit de la gestion de Hamid Grine, son prédécesseur. La situation est telle qu’aujourd’hui dans le secteur de la presse personne n’est réellement en mesure de dire qui est qui et qui fait quoi. Loin de nous l’idée de faire un mauvais procès à Hamid Grine et il n’est pas dans nos habitudes de tirer sur les ambulances, mais il faut tout de même reconnaître que sous son «règne», très peu de choses ont été faites pour mettre un peu d’ordre dans ce secteur que pratiquement tous ses prédécesseurs ont aussi laissé à l’abandon.
Seul peut-être Nacer Mehal – qui a procédé à un toilettage de la loi sur l’information et secoué quelque peu le cocotier de la presse publique – a quelque peu fait bouger les lignes. Il faut aussi reconnaître que c’est également à son initiative que les salaires des journalistes ont pu être renégociés à la hausse. Cela, d’ailleurs, a eu un effet d’entraînement salutaire sur certains titres de la presse privée. Dommage qu’il n’ait pas eu vraiment le temps d’aller jusqu’au bout de son programme de réforme. On peut tout reprocher à Nacer Mehal, sauf de ne pas connaître son métier et les exigences qui l’accompagnent.
C’est presque tout le contraire de Hamid Grine, qui a beaucoup parlé, mais qui aura finalement laissé peu de chose. Osons le dire, il part sur un bilan quasiment nul. Même son projet de création de la carte nationale du journaliste professionnel, sa seule et unique œuvre, a été très mal mené. Au lieu d’œuvrer à tirer la profession vers le haut, ce projet l’a au contraire précipité un peu plus vers les abysses. Explications. Les critères retenus pour accéder à la qualité de journaliste professionnel ont été tellement rachitiques que de nombreux pseudo-journalistes se sont infiltrés dans la corporation. C’est ce qui explique, d’ailleurs, pourquoi il y a parfois des bagarres entre «journalistes» dans des conférences de presse et que les contenus des médias soient exécrables. De nombreux «ovnis» médiatiques ont également vu le jour. Hamid Grine n’a aussi rien fait pour aider les journalistes à s’organiser ou à donner la possibilité aux médias de ne pas rester prisonniers des annonceurs. Cette manière de faire a participé à discréditer la profession et les médias.
C’est sûr, le nouveau ministre de la Communication a du pain sur la planche. Espérons que ses premiers efforts seront investis dans la réhabilitation du métier de journaliste, l’organisation de la profession, la promulgation de lois capables de rendre davantage plus transparent le fonctionnement du secteur (presse écrite, électronique et audiovisuelle) et la mise en place de mécanismes susceptibles d’extirper la presse des griffes des annonceurs comme de ceux des lobbies. Des mécanismes comme il en existe un peu partout dans le monde. Le secteur est, certes, sinistré, mais les solutions existent. Il n’est pas nécessaire pour cela de réinventer le fil à couper le beurre. Il faut juste une bonne dose de volonté politique.
S. S.
Comment (3)