Le terrorisme «low cost» neutralise tous les plans mis en place par les Occidentaux
La nouvelle attaque à la voiture-bélier dans la capitale française, précédée d’une autre qui a visé une mosquée à Londres, hier soir, pose un sérieux problème de stratégie de lutte antiterroriste en Occident. Bien que ce nouveau modus operandi traduise une difficulté chez les terroristes d’accéder à des moyens de terreur autrement plus importants, cette manière de procéder chamboule néanmoins toutes les méthodes imaginées pour faire face à ce fléau qui prend de l’ampleur.
Dans les années 1990, les services de sécurité algériens devaient à chaque fois adapté leur stratégie de lutte antiterroriste aux procédés que les groupes islamistes armés ne cessaient de développer. A ce jeu-là, les services de sécurité ont eu le dernier mot grâce à leur efficacité, à leur célérité et, surtout, à la maîtrise du terrain et à la connaissance de la psychologie qui meut les extrémistes violents.
Aujourd’hui, cette adaptation rapide aux méthodes utilisées par les terroristes est plus que jamais nécessaire pour contrer, voire anticiper ces attaques soudaines. Les services secrets occidentaux semblent sous-estimer l’imagination fertile des commanditaires qui redoublent de ruse et savent contrer toutes les stratégies mises au point pour les réduire à néant. Depuis le gigantesque plan qui a détruit les tours jumelles de New York en septembre 2001, lequel plan a nécessité de longs mois de préparation et de gros moyens financiers, les terroristes en sont aujourd’hui à commettre des actes «à bas coût» mais dont l’impact médiatique est immense.
En effet, Daech et tous les mouvements armés du même acabit qui infestent les régions «occupées» par les armées occidentales pour les besoins de «démocratisation» – Sahel, Irak, Syrie, Libye, Somalie – ont compris qu’il leur suffisait de «terroriser» avec les moyens les plus rudimentaires – un véhicule, un canif, un marteau – et de laisser les médias pléthoriques et les réseaux sociaux transformer l’acte en un «11 Septembre» bis. Une telle réalité amère suppose une redéfinition du rôle des médias dans la lutte contre le terrorisme, ceux-ci ayant un impact extrêmement néfaste et servant – inconsciemment ? – les intérêts des groupes islamistes armés auxquels ils servent de porte-voix.
Les armées classiques, aussi grandes et puissantes soient-elles, ne peuvent rien contre les terroristes. La première arme contre le terrorisme est le citoyen lui-même. Les Algériens le savent. Ils l’ont démontré à Londres où ils ont neutralisé le conducteur du véhicule qui fonça sur eux bien avant que les services de sécurité arrivent sur les lieux. Mais tout le monde ne peut avoir un tel sang-froid. Sauf si on a vécu la même expérience durant toute une décennie.
Karim Bouali
Comment (16)