Le suicide qatari
Par R. Mahmoudi – Encouragés par les Allemands, les Français et une partie de l’Administration américaine – au moment où Trump prône officiellement une politique en sens contraire –, les dirigeants du Qatar refusent obstinément de se plier aux ukases de leurs voisins, qui les somment d’abandonner tout ce qui fait, à vrai dire, l’identité de leur pays et son image de marque : ses investissements dans la subversion islamiste, son empire médiatique, sa duplicité diplomatique, son expansionnisme économique…
Entre temps, dans certaines capitales occidentales et arabes, des démarches sont engagées tous azimuts pour instaurer un début de dialogue entre les deux parties pour tenter de trouver une issue pacifique et, du coup, une course contre la montre est lancée, parce que les Qataris n’ont plus qu’une petite semaine pour donner leur réponse. Il est établi que ce qui intéresse les Occidentaux dans cette histoire est de pouvoir en tirer le plus grand profit, en essayant de monnayer leur médiation, comme Washington l’a déjà fait en vendant des armes à Doha. Mais, il faut dire que les parrains occidentaux ont été surpris par l’intransigeance et le caractère irréductible des treize conditions posées par les Saoudiens et leurs alliés et que tout le monde s’accorde à dire qu’elles sont irréalisables (la fermeture d’Al-Jazeera étant vu au Qatar comme une abdication pure et simple).
Alors, soit les Al-Saoud et leurs fidèles alliés ont déjà en projet l’idée de mettre définitivement en quarantaine leur petit voisin, soit ils ont choisi de placer la barre trop haut pour marchander ensuite avec leur parrain commun : les Etats-Unis. Dans les deux cas, le Qatar se retrouve dans une situation qui l’obligera tôt ou tard (c’est-à-dire au plus tard dans une semaine) à jouer le tout pour le tout (y compris l’hypothèse d’une escalade militaire ou celle, plus plausible, d’un mariage assumé avec Téhéran) pour sortir de cet isolement mortel. Les deux choix sont pour lui suicidaires.
R. M.
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