Foncier et assemblage automobile : tirs croisés sur Bouchouareb
L’ex-ministre de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb, est dans de sales draps. Depuis quelques jours, on assiste à une remise en cause totale de sa gestion du secteur de l’industrie. Une gestion qualifiée par certains de scandaleuse. Si, auparavant, les salves venaient de l’opposition, qui l’accusait d’avoir été au service des «oligarques», les tirs viennent cette fois-ci du gouvernement lui-même.
Ainsi, après le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, qui avait annoncé le lancement d’une enquête sur le foncier industriel octroyé par le Calpiref, c’est son ministre de l’Industrie, Mahdjoub Bedda, qui décide de revoir totalement la politique de son prédécesseur en matière d’assemblage automobile. Le nouveau ministre de l’Industrie, plusieurs fois député et président de la commission des finances et celle relative à l’économie, a usé de mots très durs pour décrire une pseudo-industrie de montage dont le taux d’intégration est quasi insignifiant, pour ne pas dire inexistant.
Prix exorbitants (plus élevés que le coût des produits finis), timide incidence sur l’emploi, manque à gagner pour le Trésor public sont autant de griefs retenus contre les unités d’assemblage de véhicules qui sont opérationnelles après avoir eu l’aval de l’ex-ministre de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb.
Ainsi, le Premier ministre et son ministre de l’Industrie décident de s’attaquer au lourd passif d’Abdeslam Bouchouareb, remettant en cause publiquement la politique qu’il a menée durant des années dans le secteur industriel. Le ministre de l’Industrie, Mahdjoub Bedda, a formulé de graves accusations contre les acteurs de ce secteur, en parlant d’«exportations déguisées de devises».
Jusqu’où ira cette affaire ? Une affaire, faut-il le rappeler, qui a commencé par la publication sur les réseaux sociaux de photos de voitures Hyundai totalement montées arrivant dans des conteneurs déchargés au port de Skikda comme des «composants» destinés à l’unité de montage de Tahkout à Tiaret. Quelque temps après, des photos de véhicules de marque Seat, également montés et entassés dans un hangar, destinés à l’unité d’assemblage de Sovac.
Les Algériens étaient scandalisés par ces images qui mettaient à nu la politique de montage automobile conçue par le département d’Abdeslam Bouchaoureb. L’actuel gouvernement semble ainsi décidé à mettre un terme à cette situation en arrêtant tout simplement l’activité des unités de montage jusqu’à la mise en place de nouveaux cahiers des charges.
Hani Abdi
Comment (11)