Urgence politique
Par Kamel Moulfi – Jamais l’urgence d’un consensus national ne s’est faite sentir autant qu’en ces moments de crise financière et économique dans le pays, aggravée par des tensions dans les pays voisins et dans la région qui portent le risque sérieux d’une «contagion» aux conséquences déstabilisatrices. Personne n’ignore la gravité de la situation et, en même temps, il est tout aussi évident que personne en Algérie ne veut voir la souveraineté nationale, très chèrement conquise, menacée par des ingérences extérieures, quelle qu’en soit la nature. Les cérémonies organisées pour la fête de l’indépendance et de la jeunesse, le 5 juillet, ont été l’occasion de constater que la cohésion populaire est sans faille quand il s’agit des questions qui touchent l’intérêt supérieur du pays.
On peut constater, par ailleurs, que le comportement dans la classe politique, qu’il s’agisse des formations au pouvoir ou de celles qui sont dans l’opposition, est marqué par la prudence, voire quasiment le silence. Les surenchères qui dominent habituellement le débat politique semblent avoir cédé la place au mûrissement des réflexions qui servent à bâtir des démarches responsables plus difficiles à élaborer parce qu’exemptes de démagogie. Il ne s’agit plus, pour le pouvoir de continuer dans les affirmations péremptoires visant à discréditer l’opposition ni pour celle-ci de se contenter de condamner tout ce que le gouvernement entreprend.
Le fort taux d’abstention aux élections législatives du 4 mai dernier a été, faut-il le rappeler encore une fois, une sorte de manifestation politique pour signifier aux uns et aux autres le même mécontentement des électeurs, sinon le même rejet. Une grande partie de la population n’est pas satisfaite de la façon dont les affaires du pays sont gérées et moins encore de la qualité de la riposte de l’opposition.
La leçon devrait être très rapidement assimilée et prise en considération par tous les acteurs de la vie politique algérienne, avant les élections locales pour le renouvellement des APC et des APW. Celles-ci seront un vrai test non seulement pour mesurer l’audience des partis en lice, mais surtout leurs capacités à s’élever au niveau des exigences de l’heure, en particulier la première d’entre elles, à savoir le consensus pour faire face ensemble et avec la plus grande efficacité aux effets de la crise qui se font ressentir plus encore à l’échelle locale.
K. M.
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