Comment le parrain turc des islamistes algériens se vend à Israël
La Turquie fait des affaires avec Israël, l’entité sioniste, tout en se prévalant d’être la championne de la cause palestinienne. Et pour cause, le pays de l’islamiste Erdogan a décidé de passer l’éponge en acceptant d’envoyer son ministre de l’Energie, Berat Albayrak, chez les sionistes avant la fin de l’année afin de conclure un accord pour la construction d’un gazoduc entre les deux pays. C’est le ministre de l’Energie de l’entité sioniste qui a fait cette annonce hier à Istanbul, en marge du Congrès mondial de l’énergie. Cette visite serait un «geste diplomatique important d’Ankara», après le rapprochement entamé l’an dernier entre les deux pays après plusieurs années de tension, est-il encore indiqué. Ankara décide donc de sacrifier le combat pour la libération de la Palestine pour une poignée de dollars et quelques bonbonnes de gaz israélien.
En agissant ainsi, la Turquie apporte de l’eau au moulin d’Israël, qui exploite du gaz dans une région controversée, car elle se situe dans la zone d’occupation israélienne de la Palestine. Ankara offre ainsi une bouée de sauvetage à Israël en espérant en retour satisfaire ses besoins énergétiques grandissants.
La Turquie islamiste d’aujourd’hui fait passer ses intérêts avant tout. Preuve en est, la facilité avec laquelle Recep Tayyip Erdoğan se réconcilie avec ses ennemis jurés d’hier qui ont commis des génocides à Gaza et agressé les humanitaires de la flottille de solidarité avec Gaza.
Pendant ce temps, les islamistes algériens, fervents défenseurs de la cause palestinienne, trouvent des vertus au régime d’Erdogan qu’ils soutiennent jusqu’à nous le proposer comme une alternative politique en 2011 lors des «révolutions arabes». De même que le mouvement Hamas, création des Occidentaux avec la bénédiction des pétrodollars du Golfe pour fragiliser le mouvement Fatah de feu Yasser Arafat, est soutenu bec et ongles par les islamistes avec à leur tête Erdoğan.
A ce propos, la sortie médiatique de l’ambassadeur saoudien en Algérie, dans laquelle il a considéré le mouvement Hamas palestinien comme une organisation terroriste soutenue par le Qatar pour fragiliser le processus de paix, a trouvé écho chez nos islamistes qui se sont montrés scandalisés. Le Mouvement de la société pour la paix (HMS-MSP) d’Abderrazak Mokri a fustigé aujourd’hui dans un communiqué la déclaration de l’ambassadeur saoudien en Algérie, Samy ben Abdallah Salah, relative au mouvement Hamas, le qualifiant «de mouvement terroriste». Il l’accuse de «diriger des complots et de créer des problèmes depuis des hôtels 5 étoiles au Qatar», dans un entretien accordé à Ennahar TV.
Le MSP vole au secours du Hamas vu qu’ils partagent la même matrice idéologique, celle des Frères musulmans. Hier encore, l’islamiste Hacene Aribi a bien appelé les pouvoirs publics à accepter l’exil en Algérie du président égyptien déchu et emprisonné, Mohamed Morsi, représentant de la confrérie des Frères musulmans en Egypte.
Les sorties d’Aribi et de Mokri renseignent sur les liens très étroits qui existent entre les islamistes algériens et ceux d’Egypte, du Qatar et de Turquie, et qui sont aujourd’hui objet d’une campagne arabe menée par l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et l’Egypte, visant à combattre leurs méfaits sur les sociétés arabes et la région du Moyen-Orient.
Ramdane Yacine
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