Une activité littéraire tourne à l’émeute à Aokas : affrontements et route barrée
La journée d’aujourd’hui samedi, dans la petite commune balnéaire d’Aokas, à l’est de Béjaïa, a été très mouvementée. Et pour cause. Voulant protester contre les interdictions systématiques des conférences qu’organise une association culturelle locale, les citoyens de la ville, qui avaient été appelés à une marche pour exprimer leur mécontentement quant à ces interdictions répétitives d’un fait culturel, ont été accueillis par les forces antiémeutes, provoquant de violents affrontements.
Selon des sources concordantes, les émeutes ont éclaté dans différents quartiers de la petite ville. Les membres du collectif Amezday Adelsan, café littéraire d’Aokas, organisateur de la marche, sont entrés dans la salle où devait avoir lieu une conférence du linguiste Ramdane Achab. Selon les témoignages recueillis sur place auprès de plusieurs sources, la conférence de l’écrivain-éditeur allait commencer quand des policiers ont fait irruption dans la salle.
Selon les mêmes sources toujours, des députés de la région sont allés voir le wali de Béjaïa pour lui faire part de la situation qui prévalait à Aokas, mais l’intervention des services de d’ordre a empêché la tenue de la conférence de Ramdane Achab. Il s’en suivra des heurts entre les forces de l’ordre et les manifestants.
Pour rappel, la marche citoyenne du Collectif culturel d’Aokas a été programmée après huit conférences littéraires interdites au Café littéraire d’Aokas, depuis le début de l’année. La première conférence à avoir été censurée fut celle de l’enseignant et militant Larabi Yahioun, le 14 janvier dernier, à l’occasion de Yennayer et dont le thème était «La langue kabyle dans la littérature et la science». Elle sera suivie par celle de Younes Adli, intitulée «La pensée kabyle» qui devait avoir lieu le 4 mars 2017. Après cela, il y a eu la conférence empêchée aussi de Zoubir Zerarga, programmée le 15 juillet 2017, puis celles de Loubna Benahimi, de Nabile Fares et de Hebbache Yacine, puis celle d’Armand Vial.
Les observateurs s’interrogent sur ces interdictions successives de conférences littéraires du Collectif culturel d’Aokas. En attendant que les autorités concernées s’expriment sur le sujet, force est de constater que le brouillard qui entoure cette affaire s’épaissit de plus en plus.
Ramdane Yacine
Comment (13)