Lettre à un ami chef de parti d’opposition
Par Aziz Ghedia – Cher ami, lors de la dernière réunion du conseil politique de Jil Jadid, j’étais moins bavard que d’habitude. Je ne suis intervenu qu’une ou deux fois pour ne dire que peu de choses et sans aucun intérêt, me semble-t-il, a postériori, sur le débat qui portait pourtant sur une question cruciale pour l’avenir du parti. En fait, pendant tout le temps qu’a duré cette réunion, j’avais la tête ailleurs ; je pensais à un article que j’avais lu dans le quotidien Le Soir d’Algérie. Cet article est d’un certain Badreddine Mili, journaliste et écrivain.
Sa parution dans le journal remonte au mois d’avril dernier, c’est-à-dire juste quelques jours avant les élections législatives du 4 mai dernier, législatives qui avaient été boycottées par une bonne partie des Algériennes et des Algériens. Comme nous l’avions prédit.
Un trou de mémoire (le nom du journaliste), ce jour-là, a fait que je ne pouvais que garder cette information pour moi. Comme un secret de famille. Je ne voulais pas la divulguer de peur de porter un préjudice au moral de la troupe, les militants et les sympathisants de Jil Jadid. En effet, l’auteur en question de ce «brûlot» – si j’ose dire – est connu dans le milieu journalistique et universitaire algérien comme étant un bon analyste politique. L’analyse qu’il avait faite des différents partis politiques algériens semblait tenir la route.
Il nous appartient, à nous donc, de lui apporter la contradiction quant aux prédictions concernant notre parti qu’il voyait voué à la disparition pure et simple, à brève échéance. «L’avenir de Jil Jadid semble, à ce stade-là – à moins d’un renversement de situation spectaculaire – quelque peu incertain et les observateurs se demandent comment il pourra rebondir, même s’il donne l’illusion de se préparer à des échéances lointaines, en nommant, récemment, un vice-président et un secrétaire général appelés à seconder le président du parti», ajoutait-il à la fin de son commentaire.
Aujourd’hui, Jil Jadid, en apportant son soutien conditionnel au nouveau Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune en l’occurrence, se trouve, de facto, dans cette «situation spectaculaire» qui va lui permettre, espérons-le, de rebondir et d’occuper, pour longtemps encore, le devant de la scène politique, ne serait-ce que sur le plan médiatique. En tous les cas, c’est encourageant comme perspective.
Cette décision est sage. Elle dénote, par ailleurs, du sérieux et de l’esprit vraiment nationaliste et patriotique de toute l’équipe dirigeante de Jil Jadid qui, au conseil politique, ne s’est pas du tout montrée hostile au fait de délaisser, momentanément peut-être, son habit d’opposition au pouvoir actuel pour endosser celui du compromis – et non de la compromission – vis-à-vis d’un nouveau Premier ministre. Ce dernier vient avec de belles paroles et de belles promesses annoncer son intention de s’attaquer à la corruption sous toutes ses formes, en commençant d’abord par nettoyer les écuries d’Augias qui se trouvent près du premier cercle du pouvoir.
Le nettoyage des écuries d’Augias fait, pour eux qui ne le connaissent pas, partie des douze travaux confiés à Héraclès, dans la mythologie grecque bien sûr, par son cousin Eurysthée. Héraclès a pu arriver, en fin de compte, à bout de ces travaux. Mais non sans grand-peine. Il lui avait fallu beaucoup de souffrance et beaucoup de courage pour y arriver.
La sortie médiatique de notre parti Jil Jadid sous forme de conférence de presse donnée par son chef est, en quelque sorte, une mise au pied du mur de notre Premier ministre qui doit, lui aussi, pouvoir réussir le travail dont il est chargé et qui relève bien de ses prérogatives. Dans le cas contraire, il perdra et de sa crédibilité et, par conséquent, de notre soutien en tant que, pourtant, parti politique d’opposition.
A. G.
Membre fondateur de Jil Jadid
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