Le maître du jeu
Par Kamel Moulfi – La rentrée sociale a commencé à dessiner ses contours. Elle sera calme. C’est le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, qui l’affirme. On doit le croire, il est bien placé pour faire une prévision de ce genre, d’autant plus qu’elle porte sur quelques semaines, autant dire l’immédiat. Il s’est assuré le soutien déclaré de Sidi-Saïd, qui lui a promis de travailler à la stabilité sur un front social qui ne présente visiblement aucun risque en ce qui concerne les travailleurs. Ceux-ci, au contraire, seraient plutôt tranquillisés par les signaux que leur a envoyés Tebboune à propos de la lutte contre les forces de l’argent «infiltrées» dans le pouvoir et à propos aussi des priorités sociales du gouvernement.
La réunion tenue au Palais du gouvernement pour préparer la tripartite du 23 septembre a montré que Tebboune est le maître du jeu sur le terrain économique. Le temps où Haddad prétendait se mettre au même niveau que le Premier ministre semble bel et bien révolu. Le silence du chef du FCE à la sortie de la rencontre, convoquée dimanche par Tebboune, est éloquent. «Qui ne dit mot consent», le patronat se range, au moins tacitement, derrière le gouvernement. Doit-on comprendre que la prochaine tripartite servira à avaliser la nouvelle feuille de route prévue pour corriger, voire se substituer à la démarche économique et sociale, appelée pacte pour la croissance, qu’avait adoptée Sellal en complicité avec Haddad et Sidi-Saïd ?
En occupant le terrain économique qu’il pense mieux maîtriser, Tebboune semble se donner la force d’affronter les partenaires politiques avec l’appui du FLN – totalement «acquis» – et du RND, neutralisé par son opportunisme, ainsi que des «satellites», MPA de Benyounès et Tadj de Ghoul, habitués au suivisme par intérêt. On sait que les autres partis, dits d’opposition, ne se sont pas montrés enthousiasmés par l’appel officiel au dialogue en vue de construire un nouveau consensus. Il faudrait peut-être attendre que les élections locales de cette fin d’année rendent leur verdict pour être fixés sur ce plan. Cela laisse à Tebboune le temps de se préparer.
K. M.
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