Un poète algérien interdit de pèlerinage pour ses écrits contre le roi Salman
Par R. Mahmoudi – Dans une alerte diffusée ce dimanche sur les réseaux sociaux, le poète algérien d’expression arabe Mohamed Djerboua a annoncé que les autorités saoudiennes viennent de lui interdire l’accès en Arabie Saoudite pour accomplir le rituel du hadj, à cause notamment de ses poèmes dans lesquels il critique les membres de la famille royale.
De nombreux observateurs estiment que cette mesure d’interdiction qui frappe le poète algérien, sacré «prince des poètes» en 2010, est principalement motivée par son dernier poème, publié en juin dernier, dans lequel il qualifie le roi Salman, entre autres, de «traitre des Lieux saints», par opposition à son titre officiel «serviteur des Lieux saints». Le poète algérien lui en veut de dépenser autant d’énergie pour «trahir» des pays frères : le Yémen, l’Irak, la Syrie et, plus récemment, le Qatar. Il lui dénie le droit de parler au nom de l’islam et des musulmans, et va jusqu’à le maudire en le désignant comme «ennemi d’Allah» et «vil roi». Il s’attaque aussi à son armée : «Tu as guerroyé contre une vingtaine de Houthis/Mais tes soldats n’ont guère connu de victoire pendant des années/Depuis quand une nageoire connaît la “guerre décisive” ?» (nom donné à l’opération actuelle au Yémen, ndlr).
Ce poème, écrit dans un style satirique facile qui le rapproche, par son caractère lapidaire et ses vers en cascade, des brûlots légendaires du grand poète irakien Ahmed Matar, a eu un grand succès, y compris dans certains pays arabes.
Selon certaines sources médiatiques, les autorités saoudiennes reprochent au poète algérien d’appartenir à la confrérie des Frères musulmans, avec laquelle la monarchie wahhabite est en conflit, et d’en relayer les mots d’ordre.
R. M.
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