Frontière algéro-marocaine fermée : impact sur les Marocains dans la région frontalière
Par Ahmed Belkhodja – Depuis la fermeture de la frontière en 1994, la région orientale connaît des difficultés économiques importantes. Cette région dépendait beaucoup du commerce avec le voisin algérien. Ces échanges concernaient notamment l’essence ou encore les produits subventionnés par l’Etat algérien. Les frontaliers profitaient de ces échanges : le prix de l’essence est de 9 à 11 dirhams dans les stations marocaines, tandis que l’essence algérienne était revendue entre 5 et 7 dirhams au marché noir.
Or, depuis 2014-2015 et la remontée de tensions entre les deux Etats, le trafic est fortement ralenti : surveillance accrue, construction de barrières côté marocain et de tranchées côté algérien.
Aujourd’hui, selon les personnes interrogées sur place, il est devenu quasi-impossible de traverser la frontière comme le faisaient auparavant les contrebandiers. Cette nouvelle donne a eu un impact sur le moral des habitants des régions est proches de la frontière avec l’Algérie. Leur pouvoir d’achat en a pris un coup, sachant que le salaire mensuel moyen au Maroc est d’environ 250 euros.
De plus, face au taux de chômage très élevé dans ces régions, les perspectives d’avenir pour les jeunes sont restreintes. Si une grande partie rêve toujours d’Europe, l’Algérie devient également une destination pour le travail. Après plusieurs entretiens avec de jeunes habitants de Berkane, on se rend compte qu’une ville comme Oran est très attractive en raison de son ambiance festive et des perspectives d’emploi beaucoup plus élevées qu’elle offre. Un Marocain confie : «Il y a énormément à faire en Algérie. Beaucoup de personnes de ma famille sont parties pour travailler dans le bâtiment à Oran.»
A. B.
Comment (32)