Rif : une députée interroge Le Drian sur le silence complice de la France
Par Sadek Sahraoui – La députée de La France insoumise, Mathilde Panot, a interpellé le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, sur la répression féroce qui s’abat sur les Rifains au Maroc et le silence complice de la France. Dans sa question orale au chef de la diplomatie française, la députée a demandé à connaître les options de principe qui animent le gouvernement français dans ce dossier. «Est-il guidé par une compréhension légitime des intérêts de la France qui s’articulent parfaitement avec le respect universel des droits de l’Homme et qui voit en le développement et en l’émancipation des populations du sud de la Méditerranée une condition du propre salut français ? Ou bien est-il englué dans un louvoiement inavouable que commande le service des intérêts des grands groupes du CAC 40 ?» s’est-elle interrogée.
L’intervention de Mathilde Panot, rappellent des spécialistes des relations franco-marocaines, s’imposait après que le gouvernement français eut commis, le 7 juin 2017, la faute de bafouer la loi de la République en s’inclinant devant des relais du Makhzen venus perturber le rassemblement légal et autorisé des associations marocaines des droits de l’Homme et de relayer en leur direction l’infâme accusation de «traîtrise» que le royaume accole à toute revendication de dignité et de justice sociale.
En acceptant de passer sous silence la répression de la population du Rif et le maintien sous blocus de cette région berbérophone traditionnellement frondeuse, Paris ne fait, en réalité, que protéger ses intérêts et ceux d’une monarchie moyenâgeuse. Le tout se fait bien évidemment au détriment des peuples de la région. Cette connivence entre l’Elysée et le Makhzen s’est développée notamment grâce à un soutien financier du régime et un financement généreux des campagnes de partis politiques de la gauche comme de la droite françaises.
Mais ces transactions ne sont pas circonscrites au domaine de la coopération économique. La communion d’intérêts se répercute avec force au niveau des relations politiques dont le terrain le plus frappant reste la gestion du conflit du Sahara Occidental, annexé par le Maroc depuis 1975, et la constance avec laquelle la France a apporté un soutien inconditionnel à Rabat et à ses prétentions hégémoniques. Et c’est cette politique qui risque aujourd’hui de faire basculer la région dans une instabilité durable.
S. S.
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