Quand Ramtane Lamamra provoque des nuits blanches au Makhzen
Par Sadek Sahraoui – La désignation par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, de l’ancien chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra et d’Olusegun Obasanjo (ex-président de la République du Nigeria) en qualité de membres du haut comité consultatif onusien en charge de la médiation internationale provoque des nuits blanches au Makhzen.
De nombreux médias, connus pour être directement gérés par la police politique marocaine, ont procédé à un tir groupé contre ces deux personnalités, qu’elles soupçonnent de préparer un complot contre le Maroc. C’est le cas du site le1.ma qui qualifie carrément la décision d’Antonio Guterres de «grave dérive». Pourquoi une dérive ? Le média marocain – dont tout le monde sait qu’il prend ses ordres chaque matin auprès des services spéciaux marocains – martèle dur comme fer que Ramtane Lamamra et Olusegun Obasanjo sont anti-marocains et que, de ce fait, ils n’ont pas à siéger au sein du haut-comité consultatif mis en place par le successeur de Ban Ki-moon pour faciliter le règlement des crises. «Que ce soit en tant que chef de la diplomatie algérienne ou en qualité de commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, ou bien auparavant en tant qu’ambassadeur de son pays aux Nations unies et aux Etats-Unis, Ramtane Lamamra a toujours veillé à saboter les intérêts du Maroc et à mener une politique haineuse vis-à-vis de Rabat, parfois même avec un excès de zèle accentué», écrit la même source, qui dit d’ailleurs ne pas comprendre pourquoi Ramtane Lamamra a été éjecté de son poste dans la mesure où il a toujours parfaitement accompli sa mission.
Et le moins que l’on puisse dire est que le retour de Ramtane Lamamra dans les circuits de la diplomatie internationale provoque des cauchemars aux Marocains, qui pensaient en avoir fini avec le «lobby anti-marocain» au niveau du ministère algérien des affaires étrangères et à l’ONU.
Rabat ne cache pas non plus les raisons pour lesquelles elle se méfie d’Olusegun Obasanjo et le classe comme un ennemi. Les services extérieurs marocains considèrent l’ancien président nigérian comme l’«un des théoriciens de l’axe Alger-Lagos-Pretoria qui voulait faire de cet espace un ensemble hégémonique dont le but ultime est d’étouffer économiquement le Maroc et le détacher de ses racines africaines». Pour eux, «ce général et ancien commandant en chef des forces armées nigérianes est un pro-RASD déclaré». Le média marocain révèle au passage que le Nigeria s’oppose toujours à l’adhésion du Maroc à la Cédéao.
Aussi, les Marocains disent se préparer au pire. Pour eux, «ce Conseil risque de donner du fil à retordre à la diplomatie marocaine, qui manque de relais solides dans le nouveau groupe qui vient d’être formé».
A signaler que le Maroc vient de subir un nouveau revers à Bruxelles dans le dossier du Sahara Occidental. En effet, Rabat n’a pas pu s’opposer à la participation de la RASD au prochain sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne qui doit avoir lieu les 29 et 30 novembre prochain en Côte d’Ivoire.
S. S.
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