Des clients inhabituels achètent sans compter sur le marché parallèle de la devise
Par Ramdane Yacine – Des clients inhabituels font irruption dans les marchés parallèles de la devise des grandes villes du pays et achètent des euros et des dollars, en grandes sommes, sans demander le prix, rapporte le journal arabophone Echorouk dans son édition d’aujourd’hui.
Selon le journal, «c’est la première fois qu’un tel comportement est observé par les cambistes clandestins depuis l’avènement de la monnaie unique européenne». La même source indique que les gens qui pratiquent le change parallèle de la devise expliquent ce phénomène par «le nouveau discours politique et la situation économique, voire psychologique ambiante et l’alarmisme que certains tentent de semer dans la société».
Ces nouveaux taux de change ravissent les membres de la communauté algérienne établie à l’étranger, en France notamment, dont le nombre de ceux qui se sont rendus au pays cet été avoisine les 200 000, selon une déclaration officielle. Ces derniers sont les principaux pourvoyeurs du marché parallèle de la devise en Algérie, rappelle Echorouk.
Autre conséquence de la crise économique et financière : le retour du commerce du «cabas», ou ce qui est appelé communément la contrebande, qui avait disparu ces dernières années en raison de la domination du commerce des conteneurs, fait observer l’article d’Echorouk.
Selon les cambistes approchés par le journal, il est impossible de s’attendre à une baisse du taux de change en dessous de 20 000 DA pour 100 euros. Ils prévoient même le maintien du trend haussier de ce taux qui devrait atteindre les 22 000 DA avant la fin de l’année en cours.
A propos de l’identité des clients inhabituels qui ont raflé le marché de la devise ces derniers jours et provoqué une pression sur la demande, les cambistes évoquent le cas des nouveaux riches qui cherchent à ouvrir un compte bancaire à l’étranger ou à acheter un bien immobilier en Espagne ou en Turquie, ou bien encore ceux qui ont décidé de quitter le pays de manière définitive pour éviter la crise éventuelle que le pays risque de connaître au cours des prochaines années.
L’enquête d’Echorouk indique enfin qu’en raison de l’existence d’indicateurs qui suggèrent l’effondrement des prix de l’immobilier en Algérie dans un proche avenir, certains riches préfèrent investir leur argent ailleurs, quitte à le placer dans des banques étrangères plutôt que de le laisser ici, en Algérie, ainsi qu’au retour des contrebandiers dont le nombre s’agrandit et qui se rendent à Istanbul ou à Marseille pour acheter des effets qu’ils revendent en Algérie avec une petite marge bénéficiaire.
R. Y.
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