Les caisses de l’Anep vides : la presse écrite vit-elle ses derniers jours ?
Par Ramdane Yacine – La presse écrite traverse la pire crise de son existence depuis l’avènement du pluralisme médiatique en 1989. La presse écrite, qui a vu déjà plusieurs organes fermer en raison de l’absence de publicité de l’Anep, principal bailleur de fonds des journaux classiques, s’attend au pire, car la situation de la plus grande agence publicitaire du pays serait peu enviable.
En effet, l’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep), prestataire public des collectivités locales en matière de publicité et passage obligé en vertu du monopole de l’Etat sur la publicité étatique, vient de signifier aux journaux qu’elle ne pourra pas les payer, car elle-même n’est pas payée par les collectivités locales, principales pourvoyeuses de l’Anep en prestations publicitaires. En clair, les caisses des collectivités locales sont vides, car l’Etat en a puisé pour financer ses déficits, dont celui de la Caisse nationale des retraites (CNR).
Anticipant cette mauvaise nouvelle, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait réitéré récemment l’engagement de l’Etat à réactiver le fonds d’aide aux médias, financé par le Trésor public, pour le redynamiser l’année prochaine en revoyant son encadrement. Une aide qui vise à redonner espoir à une presse écrite fortement concurrencée par les médias électroniques et certaines télévisions privées. Mais ce fonds consiste en une aide indirecte aux médias, notamment dans la formation et le recyclage.
Il n’en demeure pas moins que la plus grande partie des journaux algériens dépendent dans leur survie de la manne publicitaire distribuée par l’intermédiaire public qu’est l’Anep. La répartition des encarts publicitaires entre les différents titres de la presse nationale a toujours suscité des mécontentements. L’Anep, de son côté, s’en est toujours défendue, arguant qu’elle ne détient que 20 à 30% du marché publicitaire algérien, estimé par certaines sources à quelques 200 millions de dollars.
Toujours est-il que beaucoup estiment que le quasi-monopole de l’Anep sur la publicité publique est totalement opposé à la liberté d’expression publicitaire en Algérie.
Les professionnels des médias et de la publicité plaident pour l’instauration de nouvelles lois pour codifier le marché de la publicité en Algérie. Ce marché a besoin d’encadrement juridique et de régulation.
Le marché publicitaire algérien a atteint 200 millions de dollars durant l’exercice 2015-2016. Il est considéré comme le moins dynamique en Afrique du Nord. L’Algérie affiche un ratio de 5 dollars/habitant, contre 10 dollars en Tunisie et 19 dollars au Maroc.
Notons enfin que 70 à 80% du chiffre d’affaires de la publicité sont gérés par quelque 4 000 agences de publicité et une bonne part du marché est tenue par les agences étrangères.
R. Y.
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