L’Union «sacrée»
Par Sadek Sahraoui – Les grandes puissances de l’Union européenne se sont mobilisées comme un seul homme pour bâillonner les indépendantistes catalans et éviter par conséquent à l’Espagne le risque d’une désagrégation. Même si la France, l’Allemagne ou encore l’Italie ont donné l’air dimanche dernier de ne pas être complètement d’accord avec la manière dont le gouvernement de Mariano Rajoy a désamorcé la «bombe catalane», dans le fond, personne n’a véritablement contesté le droit de Madrid de veiller, en effet, à la sauvegarde de son «unité nationale».
Pour soutenir justement la légitimité de la réaction espagnole au référendum de la Catalogne, les émissions de télévision se sont multipliées un peu partout sur le vieux continent pour attirer l’attention des citoyens européens sur les risques pour leurs pays qu’ils auraient à laisser les Catalans accéder à l’indépendance. Sans gêne aucune, tout le monde s’est dite opposé à l’indépendance de la Catalogne par crainte de voir l’exemple espagnol réveiller les revendications identitaires et conduire, à terme, à la disparition des grands Etats-nations européens. Et ce ne sont pas les particularismes qui manquent en Europe.
L’union sacrée dont ont fait preuve les Européens pour faire échec aux aspirations indépendantistes catalanes permet une fois de plus de cerner ou de mettre en lumière le caractère hautement sélectif, pour ne pas dire hypocrite de la démocratie occidentale. Là où beaucoup ont vu une atteinte grave aux droits des peuples à disposer d’eux-mêmes, Bruxelles n’a perçu, en effet, qu’une légitime tentative de sauvegarder un ordre constitutionnel. Un ordre menacé par des aventuriers du dimanche dont le délire peut provoquer un désastreux effet dominos.
Et c’est justement au nom de cette même perception sélective de la démocratie que les Occidentaux n’hésitent pas à casser des pays. «Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais !», tel semble être leur crédo favori. Il est à parier, d’ailleurs, que Bruxelles sera la première entité étrangère à soutenir, au nom des principes qu’elle vient de fouler au pied en Espagne, un référendum en Kabylie dans le cas par exemple où Ferhat Mehenni et son fantoche GPK décidaient d’en organiser un. C’est de bonne guerre. Après tout, l’UE a été créée pour veiller sur la sécurité de l’Europe, et non pas sur celle de l’Algérie ou du Maghreb. Le reste n’est que littérature. Malheur à celui qui croira au contraire.
S. S.
Comment (4)