Quand des pieds-noirs nostalgiques nient l’existence des Accords d’Evian
Par Houari Achouri – Près de cinquante-six ans après les faits, il y a encore des nostalgiques de l’Algérie française, parmi ceux que l’on appelait les pieds-noirs, pour occulter une vérité historique évidente et incontestable, à savoir la signature, le 18 mars 1962, des Accords d’Evian qui ont ouvert la voie à l’exercice par le peuple algérien de son droit à l’autodétermination et donc à l’indépendance qui a été l’objectif de la lutte armée qu’il a menée plus de sept ans durant, depuis le 1er novembre 1954.
Ainsi, une certaine Anne Cazal, présentée comme fondatrice de Véritas, une organisation de «nostalgiques», n’hésite pas à parler à la fois de forfaiture commise par le général De Gaulle et de «prétendus» Accords d’Evian qui auraient constitué, à ses yeux, «un viol historique et incontestable en droit de la Constitution française». Dans l’argumentaire de Cazal, De Gaulle en prend pour son grade de général accolé aux qualificatifs de «président-dictateur-menteur».
Attachée au slogan ridicule seriné par la propagande colonialiste qui prétendait que «comme la Seine traverse Paris, la Méditerranée traverse la France» ou plus ridicule encore celui qui affirmait que «de Dunkerke à Tamanrasset, un seul pays, la France», Cazal accuse le général De Gaulle d’avoir porté atteinte à «l’intégrité du territoire national (…) puisqu’il s’agissait de livrer à l’ennemi FLN quinze départements français d’une surface de deux millions cinq cent mille km2 !» autrement dit, précise-t-elle, «une amputation illégale des 4/5e du territoire national français que le Conseil constitutionnel de l’époque s’est déshonoré en ne l’ayant pas vue, ou en n’ayant pas voulu la voir !» (ces passages sont soulignés par elle).
Elle s’en prend également à l’ancien président français François Hollande et à son gouvernement, ainsi qu’«aux parlementaires français, députés et sénateurs et aux neuf sages qui composent aujourd’hui le Conseil constitutionnel», qui savaient tout cela, dit-elle, et qui ont osé, pourtant, «promulguer une loi instaurant le 19 mars comme Journée nationale de souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie».
Bien plus d’un demi-siècle après les faits, le débat «franco-français» sur le rôle du général De Gaulle dans sa conduite de la guerre qu’il a menée aux Algériens, du temps où il était président de la France, n’est pas fini, comme le montrent les réflexions tardives de Cazal. La fondatrice du rassemblement des nostalgiques de l’Algérie française admet toutefois que la guerre d’Algérie est terminée même si l’issue victorieuse du peuple algérien, concrétisée par l’indépendance, lui est restée en travers de la gorge.
Curieusement, la présidente de Véritas ne dit pas un seul mot sur l’OAS dont les membres criminels ont été les précurseurs des attentats à la voiture piégée et des tueries aveugles de masse. Comme si la violence particulièrement sauvage et meurtrière de cette organisation était pour rien dans l’exode désespéré des pieds-noirs, par dizaines de milliers, en bateau et en avion, qui suivit l’annonce des Accords d’Evian qu’ils ont considérés comme l’acte attestant de la victoire du peuple algérien. Mais c’est un autre chapitre du débat franco-français sur la guerre d’Algérie.
H. A.
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