Des ONG à Macron : «Reconnaissez le 17 Octobre comme un crime d’Etat !»
Par R. Mahmoudi – Une lettre ouverte signée par plusieurs ONG françaises exigeant la reconnaissance des massacres du 17 Octobre 1961 comme «crime d’Etat» a été adressée au président de la République française, Emmanuel Macron. D’entrée, les signataires ont rappelé à Macron sa déclaration, le 15 février dernier, à la chaîne privée Echourouk News, dans laquelle celui-ci avait précisément dit : «La colonisation fait partie de l’histoire française, c’est un crime contre l’humanité, une vraie barbarie…» Une déclaration qui sera suivie, deux mois plus tard, par un engagement solennel de prendre des actes «forts» sur cette période de l’histoire de son pays.
S’adressant au chef de l’Etat, les signataires de la lettre estiment qu’à l’occasion du 56e anniversaire du «crime d’Etat» commis en plein Paris, «vous pourriez (devriez ?) ainsi concrétiser cet engagement». Ils le sollicitent pour une audience pour connaître sa position précise à ce sujet «afin de pouvoir, écrivent-ils, en rendre compte lors du rassemblement prévu le 17 octobre au pont Saint-Michel, à Paris».
La lettre est signée par des représentants du Collectif du 17 Octobre 1961, des associations : 17 Octobre contre l’oubli, Au nom de la mémoire, Les Oranges, Sortir du colonialisme, de la Ligue des droits de l’Homme et du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples).
Dans un appel pour un rassemblement le 17 octobre prochain, auquel d’autres associations, comme 4 ACG (Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre), 93 au Cœur de la République, Amis de l’Algérie Rennes, ACCA (Association contre le colonialisme aujourd’hui), ACDA (Association pour le changement et la démocratie en Algérie), Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, ANPPROMEVO (Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS), et un parti politique, le Parti de gauche (PG), les signataires jugent que «56 ans après, la vérité est partiellement en marche. Cependant, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, en particulier la guerre d’Algérie, non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elles ont entraînés, comme ce crime d’Etat que constitue le 17 octobre 1961».
Appuyant leur démarche, ces associations considèrent que le 17 octobre 2012, le président de la République (François Hollande) «avait, certes, fait un premier pas important, en déclarant : ‘‘Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes.’’ Mais le terme de crime n’est pas repris, et la responsabilité, sous-entendue, n’est pas clairement définie», concluent les initiateurs de l’appel.
R. M.
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