Pauvre presse !
Par Sadek Sahraoui – Lors de son passage, ce matin, dans «L’invité de la rédaction» de la Chaîne 3, le ministre de la Communication, Djamel Kaouane, a dressé un tableau inquiétant de la situation économique du secteur des médias. A travers le peu de chiffres qu’il a communiqué, il est aisé de constater que la crise a déjà durement impacté la presse papier. Entre quotidiens et hebdomadaires, près de 60 titres ont déjà dû mettre la clé sous le paillasson depuis 2014. D’autres journaux devraient très rapidement suivre puisque les perspectives économiques ne sont pas des plus réjouissantes.
La raison principale tient au fait que la publicité publique et privée commence à se faire des plus rares. Endettés jusqu’au cou auprès des imprimeries publiques, certains journaux, en apparence viables, n’auront probablement aussi d’autre choix que de déposer le bilan pour éviter de devoir à passer à la caisse. La presse n’a donc pas fini de manger son pain noir, surtout que la quasi majorité de nos médias n’a absolument rien fait pour diversifier ses sources de revenus et mettre sur le marché des contenus capables de faire face véritablement à la nouvelle concurrence (TIC, smartphones, TV, etc.)
Qui dit fermeture de journaux ou de télévisions dit automatiquement journalistes au chômage. Il y en a déjà beaucoup qui le sont. Et le problème devrait encore s’aggraver dans les prochaines semaines. Selon nos informations, certains groupes de presse prévoient en effet de dégraisser leurs effectifs pour tenter rester à flot. Très souvent, ces licenciements ne se font pas dans le plus grand respect de la loi. Les journalistes sont jetés comme des kleenex après avoir mis leur vie en péril et été exploités jusqu’à l’os par leurs employeurs sans que personne n’y trouve à redire. Y compris au sein du gouvernement.
Djamel Kaouane sera-t-il plus attentif à la condition de ses confrères ? Il s’agit là d’une exigence dans la mesure où les professionnels des médias en Algérie ne sont représentés par aucun syndicat. Il existe certes une ou deux structures, mais elles n’ont de syndicat que le nom. Tout le monde le sait. Inutile de revenir sur la question.
Aussi, beaucoup de journalistes attendent, par exemple, que le ministre de la Communication consacre une partie du Fond d’aide à la presse (que le gouvernement prévoit de réactiver) pour assurer la prise en charge, pendant un temps, des journalistes victimes de licenciement économique. Cela permettrait au moins à la corporation de garder un peu de dignité. Un journaliste qui mendie comme un clochard pour prendre un café ou un casse-croûte frites-omelette est une image insupportable à voir.
S. S.
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