Polémique en Grande-Bretagne autour d’une affiche sur la Déclaration de Balfour
De Londres, Boudjemaa Selimia – Une affiche publicitaire retraçant l’historique du rejet par les Palestiniens de la Déclaration de Balfour de 1917, à l’origine de la campagne britannique de la création d’un foyer national juif en Palestine, a été interdite par l’organisme en charge des Transports londoniens sous prétexte que la question est politiquement controversée, rapporte The Guardian dans son édition de ce mardi.
La réaction de l’ambassadeur palestinien au Royaume-Uni, Manuel Hassassian, a été immédiate et sans ambages. Il a ouvertement accusé TFL de pratiquer une forme de censure sélective. Dans un communiqué rendu public après la décision de TFL d’interdire l’affiche publicitaire, le diplomate en chef palestinien en poste dans la capitale britannique a déclaré, je cite : «Il s’agit d’un acte de censure visant un aspect important de l’histoire du peuple palestinien. Les Britanniques ont trahi même le texte fondateur de la Déclaration, notamment le passage dans lequel l’establishment britannique avait tenu la promesse de sauvegarder les droits des Palestiniens après son aval de permettre à un autre peuple de créer son Etat sur les terres d’un peuple autochtone. La Décision de TFL ne constitue pas une nouveauté, mais le prolongement d’une pratique discriminatoire qui relève du fonctionnement même des institutions britanniques et une sphère de groupes de pression actifs qui s’étaient fixés comme objectif depuis 100 ans de réduire au silence tout ce qui a trait à l’histoire de la Palestine. On peut effectivement parler de liberté d’expression en Grande-Bretagne, sur toutes les questions d’ordre international, mais pas sur la question palestinienne.» Fin de citation.
L’indignation a atteint l’ensemble des organisations propalestiniennes qui avaient souhaité voir le placard publicitaire retraçant le début de la catastrophe du peuple palestinien après la promulgation de la Déclaration de Balfour, affichée dans les principales stations de métro et des bus à l’approche des festivités commémorant le centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale prévues pour le 2 novembre.
Les initiateurs de cette campagne comptent placarder les affiches sur les taxis, qui sont soumis à des règles moins strictes sur la publicité. Les taxis circulent partout dans la capitale, à proximité notamment des zones où seront organisées les manifestations de la célébration du centenaire de la Déclaration de Balfour, y compris le grand rassemblement que compte organiser le mouvement sioniste chrétien, dans l’emblématique salle de spectacle londonienne Albert Hall.
La Première ministre britannique, Theresa May, et son homologue israélien, Benjamin Netanyahu, sont conviés le mois prochain en qualité d’invités d’honneur à un dîner à Londres célébrant le centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale et le centenaire de la Déclaration de Balfour. Ce geste a provoqué l’indignation d’un grand nombre de mouvements de la société civile et d’organisations de défense des droits humains britanniques qui s’apprêtent à organiser un vaste mouvement de protestation pour dénoncer l’attitude provocatrice de l’actuelle direction politique britannique, qui a carrément refusé de s’excuser pour la Déclaration de Balfour ; pis, elle envisage de surcroît de célébrer en grande pompe le centenaire de ce document à l’origine de la plus grande catastrophe pour les peuples de la région du Proche-Orient.
La campagne publicitaire baptisée «Make it right» (faisons en sorte que les choses soient juste) a été conçue par la Mission de Palestine au Royaume-Uni. Elle comporte une sélection de photos retraçant le vécu des Palestiniens avant et après 1948, date de la création de l’Etat d’Israël en Palestine, ayant entraîné l’exode de plus de 700 000 Palestiniens chassés des terres de leurs ancêtres.
B. S.
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