L’extrême-droite passe à l’acte en France : des mosquées visées
Par R. Mahmoudi – Dix personnes, présumées proches de la mouvance d’extrême-droite, ont été interpellées dans les Bouches-du-Rhône et en région parisienne ce mardi, rapportent des médias français. Ils sont soupçonnés d’avoir voulu projeter un attentat contre des hommes politiques français et des lieux de culte musulmans.
Cette information confirme l’ampleur de la menace que constituent les groupuscules d’extrême-droite français qui se nourrissent de l’islamophobie, relayée par une large partie de la classe politique et des médias français, et qui avaient, à maintes reprises, menacé de «passer à l’acte», c’est-à-dire à des actions violentes ou meurtrières. C’est peut-être l’occasion pour les autorités françaises de prendre plus au sérieux cette menace et de procéder au démantèlement de ces groupuscules, comme Riposte laïque et de nombreuses ligues liées au Front national.
Aussi cette information démonte-t-elle les certitudes de certains analystes français qui, comme le politologue et spécialiste de l’ultra droite, Jean-Yves Camus, estimait il y a encore quelques mois que l’extrême-droite n’avait pas «beaucoup plus que la volonté verbale de passer à l’action terroriste», en lançant qu’elle n’en avait «de toute évidence pas les moyens logistiques». Il ne croit pas à la possibilité d’un terrorisme identitaire en France et en Europe.
Dans son dernier bilan des actes antimusulmans, rendu public le 9 octobre dernier, l’Observatoire national contre l’islamophobie rapporte que 82 actes ont été recensés par le ministère de l’Intérieur contre 134 en 2016 pour la même période, correspondant à une baisse de 38,8%. L’Observatoire distingue les menaces, au nombre de 31 en 2017 (contre 84 en 2016), des actions qui s’élevaient à 51 en 2017 (contre 50 en 2016). Parmi les 51 actions, 42 ont concerné des lieux de culte.
Abdallah Zekri, président de l’Observatoire, rappelle que «ces chiffres sont au-dessous de la réalité, car nombre de responsables de lieux de culte ou tout simplement de citoyens français de confession musulmane sont encore réticents pour se rendre dans les commissariats ou gendarmeries pour déposer plainte».
Cette légère baisse s’expliquerait, selon Zekri, par «la mise en place d’une politique de sécurisation des lieux du culte par les pouvoirs publics, notamment en matière de vidéosurveillance. Toutefois, les actes de profanation ciblant notamment les mosquées ne diminuent pas.
R. M.
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