Ce que veut Ouyahia
Par Kamel Moulfi – La part de la dimension politique dans le discours du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, prononcé à l’ouverture de l’université d’été du Forum des chefs d’entreprises (FCE), n’est pas évidente, mais elle ressort en filigrane dans une lecture entre les lignes d’autant plus difficile à faire que l’objet de la rencontre à laquelle il a été convié est de prime abord purement économique.
En fait, d’emblée, dès les premiers mots à l’adresse des patrons, Ouyahia donne un sens politique à son intervention. «Nous sommes politiquement dans le même camp, le camp de l’Algérie», leur dit-il. Le Premier ministre, qui est en même temps dirigeant politique de premier plan en sa qualité de secrétaire général du RND, va même jusqu’à définir la ligne de clivage : «Le camp de ceux qui respectent les institutions de l’Etat, à leur tête le président Abdelaziz Bouteflika.»
En «attaquant» son discours devant le FCE sous cet angle et de manière aussi claire, aussi directe, il semble bien qu’Ouyahia donne aux préoccupations politiques internes, plus précisément la question de l’alliance, pour ne pas dire du front, autour du président Bouteflika, autant d’importance qu’aux défis économiques, nombreux, qui assaillent l’Algérie et son gouvernement à cause de l’impact brutal de la chute des prix des hydrocarbures sur le marché mondial depuis le deuxième semestre de 2014.
L’explication est simple : l’horizon 2019 approche à grands pas avec son échéance de l’élection présidentielle, et Ouyahia sait qu’il faut faire vite pour se présenter à ce rendez-vous crucial dans les meilleures conditions. Aucune occasion n’est de trop dans ce but.
Si le Premier ministre se félicite que «l’UGTA et l’ensemble des organisations patronales» expriment leur soutien publiquement au président Bouteflika, il ne semble pas se suffire de motions qui pourraient passer pour uniquement des professions de foi.
Ouyahia, qui connaît son monde, veut plus, du concret, et il le dit aux patrons, dans la partie économique de son discours, résumée en quelques mots : l’Etat vous a beaucoup donné, à vous de lui rendre ne serait-ce qu’un peu.
K. M.
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