Leon Panetta : «Nous n’avions aucune stratégie face au printemps arabe»
Par R. Mahmoudi – Lors d’un débat sur l’«extrémisme violent» animé lundi à Washington, l’ex-ministre de la Défense Leon Panetta (2011-2013) a averti que, malgré les «récents succès» réalisés à Mossoul et Raqqa pour en déloger Daech, cette organisation terroriste ne disparaîtra pas. «Le pire est d’avoir déclaré la victoire sans traquer Daech ailleurs, notamment dans le sud de la Syrie et en Afrique du Nord.»
Dans le même sillage, Panetta a révélé avoir proposé, lorsqu’il était en charge de la Défense dans le gouvernement Obama, la mise en place d’une coalition composée des pays du Moyen-Orient, comprenant aussi Israël, pour faire face à ces défis. Il a également suggéré un centre de commandement commun avec les Etats-Unis dont l’objectif sera «la poursuite des terroristes dans différents endroits, avec diverses tactiques», sans préciser toutefois les pays ciblés dans cette stratégie, ni la nature des tactiques à préconiser.
Dans son analyse de la situation dans le monde arabe, l’ex-secrétaire américain à la Défense avoue que son pays n’avait aucune stratégie adaptée aux insurrections du «printemps arabe» qui ont coïncidé avec sa nomination à la tête du ministère de la Défense, ni aucune solution à appliquer pour rétablir la stabilité dans la région.
Dans un autre registre, Leon Panetta prévient contre l’éclatement d’une guerre civile entre les Kurdes et le gouvernement irakien. «Si une guerre éclate, affirme-t-il, l’Irak ne retrouvera plus sa stabilité. Alors, il faudrait continuer à aider le gouvernement irakien et le Premier ministre, Haydar Abadi, pour une plus grande intégration des Kurdes et des sunnites en vue de réunifier l’Irak.» Pour lui, «il est grand temps que toutes les parties se prononcent si elles veulent réellement d’un Irak uni».
Selon Panetta, il faudrait éloigner Bagdad à tout prix de l’«emprise iranienne» et casser, ainsi par tous les moyens, les ramifications de Téhéran dans la région. Il considère que le gouvernement Abadi a fait «un grand pas» dans ce sens, en s’approchant de l’Arabie Saoudite, à travers notamment une série d’accords signés à l’occasion de la visite d’Abadi à Riyad.
R. M.
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