Obssessions et fantasmes de l’armée française au Mali
Par Amar Mellah – On doit saluer la tenue de cette nouvelle rencontre algéro-malienne et souhaiter qu’elle contribuera au retour de la paix et de l’entente entre tous les fils de notre région commune qui est mise à mal par la présence de forces militaires étrangères. Il y a quelques mois, Algeriepatriotique m’avait fait l’honneur de publier une contribution dans laquelle je livrais mon appréciation sur la vraie raison de la présence militaire française dans notre continent.
J’y décrivais cette raison comme étant un besoin vital, celui de disposer, en permanence et sans la moindre entrave, d’un accès aux ressources uranifères africaines qui sont si essentielles à la survie de la France dont la défense nationale est fondée sur la dissuasion nucléaire et dont près de 80% des besoins en énergie sont assurés par des centrales nucléaires dont, au surcroît, les déchets sont enfouis, depuis quelques années, dans le désert malien où leur présence n’a toujours pas fait l’objet jusqu’ici du moindre démenti.
C’est à partir de cette région que, depuis cinq ans et sous le couvert de la lutte internationale antiterroriste, les mercenaires de la légion étrangère française assurent directement eux-mêmes la protection des sites d’enfouissement des déchets nucléaires français et ont étendu leur présence aux autres sites uranifères dans la région, comme à Arlit, au Niger.
En parallèle, ils sont engagés, en toute impunité, sans aucune retenue et sans que personne, jusqu’à maintenant, ait osé les dénoncer et les en empêcher dans une véritable persécution des Touareg dont les domiciles, comme à Kidal et In Azaoua, sont périodiquement perquisitionnés et détruits par les militaires français, à l’image des dechras razziées par l’armée française en Algérie et qui sont abattues à vue, comme tout récemment à Abelbeira où de pauvres bergers ont été massacrés et exterminés par les mercenaires de la Légion étrangère, sous le prétexte qu’ils constituaient une «katibate» djihadiste, repliée à l’est de Kidal.
C’est dans le communiqué de presse du ministère français de la Défense annonçant cet odieux fait d’armes que le terme «katibate» est textuellement mentionné. Il faut souligner que seules les sources françaises persistent à présenter les terroristes comme étant structurés au sein de katibate. On se rappelle qu’elles l’avaient fait de manière extensive pour le cas du GIA quand il mettait l’Algérie à feu et à sang.
L’usage répété de ce terme pour qualifier les terroristes est très révélateur de l’état d’esprit, des motivations, des fantasmes et des obsessions des militaires français qui n’ont pas pu se remettre de la perte de leur empire et qui sont toujours à la recherche d’une revanche chimérique sur les glorieuses katibate qui les ont défaits et chassés d’Algérie et, pour ceux qui l’ignorent peut-être encore, du Levant, où de jeunes Touareg qui avaient contribué, dans les années 1980 à la déroute du contingent français et à la protection du potentiel de la Résistance palestinienne au Liban, se retrouvent, aujourd’hui, inscrits par la France sur les listes des terroristes onusiennes.
De toute évidence, la quête de cette revanche impossible constitue bien l’autre raison cachée de la présence militaire française en Afrique.
A. M.
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