Tous des Merah ?
Par R. Mahmoudi – La presse parisienne est déçue par le jugement prononcé, hier, par la cour d’assise à l’encontre d’Abdelkader Merah pour complicité dans le massacre commis par son frère cadet, Mohamed, en mars 2012. Pourtant, ce même Abdelkader a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs.
Pourquoi, alors, cette déception ? Dans tous leurs comptes-rendus et commentaires, depuis le début de ce procès, les grands médias français avaient à tout prix voulu influencer les juges, en décrivant Mohamed Merah et la tuerie qu’il a commise comme étant le fruit naturel d’une «haine nourrie par toute sa famille». Une haine contre le juif et contre l’Occident. Décodé, le message qui est distillé par les commentateurs de cette presse qui se «droitise» à une cadence effrénée donne ceci : ce qu’il fallait condamner, c’est toute cette communauté musulmane, composée en majorité d’Algériens, pour eux irréfragables et insolubles dans la démocratie. «Matrice de la haine», «antisémite, de mère en fils», voilà comment a été jugée la famille Merah par une presse qui surinterprétait à souhait la moindre déclaration d’Abdelkader ou de sa mère et qui donnait le sentiment d’assister à un procès à la Nuremberg.
Le comble est que ces mêmes rédactions sont, jusqu’à ce jour, les premières à blanchir carrément les terroristes de Daech et d’autres organisations criminelles en Syrie ou ailleurs et à répercuter les appels à juger les chefs d’Etat de ces pays devant des juridictions internationales pour crimes de guerre ou pour crimes contre l’humanité.
Le danger est que si cette stigmatisation malsaine et totalement décomplexée n’a pas eu raison de la justice, d’autres segments, plus vulnérables, de la société française sont déjà largement contaminés. La presse en est à la fois un exemple et le signe.
R. M.
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