Le Niger a-t-il autorisé le vol de drones américains près de nos frontières ?
Par R. Mahmoudi – Un nouveau pas dans la présence de l’armée américaine au sud de nos frontières vient d’être franchi. Le ministre nigérien de la Défense, Karidjo Mohamadou, a annoncé, dimanche, que son pays a donné son feu vert aux Etats-Unis d’armer ses drones sur les frontières nigériennes avec la Libye et le Mali, l’autorisant de fait à «frapper ses cibles sur le territoire nigérien, par les frontières avec la Libye, le Mali ou d’autres pays si nécessaire», affirme le responsable nigérien, sans préciser toutefois quels autres pays pourraient être concernés par d’éventuelles patrouilles ou contre-attaques de l’armée américaine.
Mais si l’on observe bien la carte géographie du Niger, on constate vite que l’Algérie partage une longue frontière avec le Niger, qui sépare la Libye du Mali. Une éventualité qui n’est pas à écarter, dès lors que ce déploiement de l’armée américaine dans ce pays est officiellement justifié par un «besoin pressant» de pourchasser les groupes terroristes qui infestent le Niger et toute la région du Sahel et qui ont montré une grande capacité de nuisance, après l’embuscade meurtrière qui avait ciblé, le 4 octobre dernier, une patrouille de l’armée américaine, près de la frontière avec le Mali, où quatre soldats américains et quatre militaires nigériens avaient été tués.
Depuis cette attaque, l’armée américaine, qui dispose déjà au Niger, au nom de l’Africom, d’une base à Agadez (nord) – d’où des drones décollent pour surveiller la zone sahélienne, notamment vers le Mali et la Libye, deux Etats voisins du Niger –, cherchait à passer à l’attaque, ne se contentant plus du rôle de surveillance.
Il va sans dire que ce redéploiement «qualitatif» des Américains va changer la donne sécuritaire dans toute la région et obligera, du coup, l’Algérie à redoubler de vigilance sur sa frontière sud pour parer à d’éventuelles «transgressions» pouvant provenir des drones américains désormais autorisé à attaquer.
Il faut rappeler que cette recrudescence de l’action terroriste menée par des groupes islamistes armés dans la région du Sahel était prévisible après la découverte d’importants arsenaux d’armes dans les régions du sud du pays, annoncées périodiquement depuis plusieurs mois par des communiqués du ministère de la Défense nationale. Ces saisies sont bien la preuve que les tentatives des djihadistes de s’introduire en Algérie par les frontières avec le Mali ou la Libye n’ont jamais cessé. Car c’est bien la porosité des frontières qui a permis, en janvier 2013, à ces terroristes de commettre leur attaque meurtrière contre le complexe gazier d’In Amenas.
R. M.
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