Indésirable en Algérie : le prédicateur saoudien Al-Arifi banni à Riyad
Par R. Mahmoudi – Sur une liste de 70 prédicateurs arrêtés ou interdits de quitter le territoire saoudien dans le sillage de la purge actuelle lancée par le prince Mohamed Ben Salmane, visant aussi des hommes d’affaires et des émirs, figure le nom du très médiatique Mohamed Al-Arifi. Ses fans sont nombreux à exprimer leur incompréhension après l’annonce de cette mesure à son encontre, parce que tout le monde connaissait les loyaux services qu’il a rendus au régime wahhabite. Il était même aux premières lignes de la guerre déclarée à l’émirat du Qatar.
Très actif durant les événements du «printemps arabe», ce faux dévot de 47 ans a même tenté, début 2016, une incursion en Algérie pour y donner des conférences, mais il n’a jamais pu y mettre les pieds. Le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa l’a solennellement déclaré persona non grata et lui a refusé l’entrée en Algérie. C’était à l’époque ou Riyad couvrait ses protégés et n’hésitait pas à intervenir diplomatiquement ou par divers moyens de pression pour accompagner ses porte-étendards idéologiques.
Après cette gifle, Al-Arifi a réussi à manipuler ses ouailles et une partie du public arabe, en voulant démentir ce qui, en réalité, n’avait jamais été dit par aucune source, à savoir qu’il aurait été refoulé à l’aéroport d’Alger, en affirmant n’avoir pas fait le voyage en Algérie pour en être expulsé. Or, le ministre Mohamed Aïssa avait clairement annoncé la décision de ne pas recevoir le prédicateur salafiste sur le sol algérien. Celui-ci a ensuite entretenu pendant deux jours une polémique insensée avec deux médias pourtant à capitaux saoudiens, Al-Arabiya et MBC, qu’il accusait de désinformation et même de faire le jeu de la presse «safawie» (perse) et de l’organisation «terroriste» Hezbollah, trahissant ainsi au passage son ressentiment à l’égard de l’Algérie qui n’a pas adhéré – c’était le débat, à l’époque – au mot d’ordre saoudien à la coalition contre la résistance libanaise.
Toute cette polémique aussi stérile que pernicieuse a servi d’écran de fumée pour occulter un vrai débat autour de la décision, inédite et courageuse, annoncée par un membre du gouvernement, qui pointait la responsabilité des prédicateurs salafistes dans la diffusion et la légitimation de la violence qui frappe les sociétés arabes.
Il va sans dire que, dans ses innombrables commentaires postés sur sa page Facebook et sur Twitter, le prédicateur wahhabite n’a, à aucun moment, nié les accusations dont il avait fait objet et qui ont amené le gouvernement algérien à le déclarer indésirable dans notre pays. Au contraire, il a continué à répandre les mêmes fatwas vénéneuses et à développer les mêmes discours enrobés d’exégèse et de hadiths qui, nous l’espérons, ne vont plus sévir.
R. M.
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