Interview exclusive – Le concepteur du Barrage vert : «C’était une affaire entre Boumediene et moi» (I)
Algeriepatriotique : Dans l’histoire du Barrage vert, est-il juste de considérer deux phases : l’une de 1972 à 1990, quand les travaux étaient réalisés par le Haut Commissariat au Service national, c’est-à-dire l’armée, les forestiers prenant en charge les aspects techniques ; la seconde, à partir de 1991, avec le désengagement de l’armée et les travaux pris en charge entièrement par la Direction générale des forêts (DGF) ? Si c’est le cas, pourquoi ce changement dans la démarche ?
Saïd Grim : Il faut rapidement rappeler la genèse du projet. Dès 1965 et, pourrait-on dire, bien avant, il apparaissait que la forêt d’Algérie se trouvait en péril. Or, dès le XVIIe siècle, des forestiers d’Europe tempérée, principalement de France et d’Allemagne, se sont efforcés de mettre au point des méthodes de gestion de leurs patrimoines boisés qui donnèrent des résultats positifs tangibles. Elève de l’Ecole nationale des eaux et forêts de Nancy, j’ai pu prendre connaissance de démarches et de doctrines qui nécessitaient bien évidemment une adaptation au contexte algérien. Ce ne sera qu’en juin 1968 que les circonstances m’autoriseront à mettre en application mon projet et les premiers travaux débuteront dans la forêt domaniale de Senalba Chergui, canton Mezreb El-Ali, sous la conduite d’un technicien émérite : le chef de district Abdelhamid Bérini. Les choses évoluent rapidement vers un climat de plus en plus tendu, une partie de la hiérarchie forestière montrant de l’hostilité à toute initiative visant l’aménagement des forêts par un personnel d’autochtones. On considérait alors, et peut-être encore maintenant, que les techniques sortant de la routine relevaient de l’apanage des experts internationaux.
Parallèlement à ces opérations intéressant les formations forestières apparaissait la nécessité d’étendre le patrimoine boisé de la région de Djelfa pour des raisons autant économiques (production ligneuse) qu’environnementales (frein à la désertification déjà bien perceptible).
Le premier périmètre retenu fut celui de Moudjebara, du nom d’un bourg situé à une vingtaine de kilomètres au sud de Djelfa. Les contours du projet seront définis avec le concours bénévole d’un ingénieur de la météorologie nommé Mohamed Andaloussi. On procéda à une sorte de bilan de tout ce qui avait été envisagé lors d’un séminaire organisé à Djelfa les 18 et 19 septembre 1968. Le regroupement se déroula dans une ambiance houleuse et fut prématurément interrompu au début de l’après-midi du 19 septembre.
La hiérarchie forestière laissa malgré tout se poursuivre les travaux, pensant, à tort, que je bénéficiais de soutiens aux échelons élevés de l’Etat.
En 1969, les autorités préparent un plan spécial de développement pour la wilaya du Titteri, dont relevait la sous-préfecture de Djelfa. Il fut décidé, avec l’accord du sous-préfet d’alors, M. Bessaieh, et du maire, Saïd Boukhelkhal, de faire des projets forestiers de la région des moteurs majeurs de promotion à la fois économique et sociale pour un territoire jusque-là passablement oublié.
En septembre de la même année 1969, le président Houari Boumediene et une partie de son gouvernement se déplacent à Djelfa pour une visite d’information et de travail. A la surprise des autorités locales, le protocole de la Présidence décide que les questions forestières soient débattues en forêt. Le cortège présidentiel arrive au canton Mezreb El-Ali et c’est moi qui suis désigné par les autorités de Djelfa pour présenter le programme proposé pour la région. Des propositions de même nature furent suggérées pour l’ensemble des territoires atlasiques méridionaux et des Hautes-plaines attenantes.
L’entretien avec Houari Boumediene dura environ deux heures. Le Président était un redoutable débatteur, ses questionnements aussi pertinents que les vôtres, mais un ingénieur de 29 ans ne pouvait y répondre qu’en puisant dans ses ultimes réserves d’énergie et de savoir.
D’un discret signal, Abdelmadjid Allahoum indique que la visite présidentielle arrive à son terme. Houari Boumediene se tourne vers ses collaborateurs : «Vous venez d’entendre comme moi ce que vient de dire cet ingénieur. Avez-vous des remarques à faire ?» Personne parmi ses conseillers et ministres n’ayant souhaité intervenir, le président Boumediene prit à nouveau la parole : «Puisque vous n’avez aucune objection à formuler, ce qui vient d’être dit constituera dorénavant notre politique forestière.»
Ce long préambule n’a pas pour objet d’éluder votre question qui est limpide. Aussi, je me dois d’être à mon tour clair : le Barrage vert a été une affaire entre Houari Boumediene et Grim. Le projet n’a pas reçu l’aval préalable des autorités institutionnellement habilitées à proposer et décider en la matière. La confusion immense qui s’en suivra a pour origine un hiatus dans l’ordre de préséance hiérarchique.
Quelques semaines plus tard, je suis muté à Abadla, au sud de Béchar ; je subissais la sanction qu’on inflige d’ordinaire aux opposants politiques. A aucun moment de mon existence je n’ai été un opposant à quelque pouvoir que ce soit et je suis décidé à conserver cette position jusqu’à la fin de mon existence. En revanche, je me considère comme l’ennemi déterminé de toute initiative, d’où qu’elle vienne, visant à amoindrir la forêt et la steppe d’Algérie. Abadla, en ces temps, représentait une sorte de petit goulag pour fonctionnaires indésirables du ministère de l’Agriculture.
Auparavant, la hiérarchie forestière fait répandre à Djelfa une rumeur selon laquelle un «pied rouge» nommé Grim entretient une agitation de nature politique dans la région. Alarmés, les services de sécurité se mettent à la recherche du trublion présenté comme un coopérant français. Une fois informés de la réalité, la police interrompit ses filatures une fois convaincue qu’il n’y avait pas péril en la demeure. Le chef de district Bérini eut moins de chance : il écopa de six mois de détention préventive à la prison de Laghouat pour avoir réalisé un travail de grande qualité visible encore aujourd’hui sur le terrain et sur Google Earth.
Nous sommes donc chassés de Djelfa et on ramène pour nous remplacer des coopérants bulgares. Les Bulgares gèrent bien les forêts de leur pays. On attend toujours que les dignitaires forestiers d’Algérie montrent ce que ces forestiers expatriés ont apporté à la forêt de Djelfa, de Telagh, de Saïda ou d’ailleurs.
Au passage, précisons que pour les programmes de reboisement prévus dans les Monts des Ouled Naïl on ne parlait pas encore de Barrage vert. Il était question de «Grands reboisements dans les Hautes-plaines et l’Atlas saharien». A l’évidence, la formulation, laborieuse, si des professionnels de la forêt pouvaient s’en accommoder, ne saurait marquer les esprits au niveau du grand public.
L’affaire tombe dans l’oubli durant plus de deux années, puis, à la surprise générale, en juin 1972, Houari Boumediene annonce sa décision de réaliser un «Barrage vert». Pourquoi la résurrection d’un programme promis à l’oubli ? Je l’ignore. En définitive, j’ai estimé la formulation meilleure que la mienne, et c’est moi qui l’imposa, les responsables du ministère de l’agriculture y allant chacun de sa petite trouvaille : ligne verte, barrière verte, muraille verte…
Les choses s’enlisent une nouvelle fois. Rien ne bouge pratiquement. La volonté de la hiérarchie forestière était de faire avorter le projet.
Houari Boumediene confie la concrétisation de l’idée à Ahmed Houhat, son conseiller ; Ahmed Houhat en charge le ministre Tayebi ; Noureddine Boukli, son secrétaire général, en hérite. La patate chaude est ensuite envoyée à Rabah Dekhli, inspecteur général des Forêts, qui, ne sachant qu’en faire, fait appel à moi. Dans la foulée, on crée une commission du Barrage vert d’une dizaine de membres, dont plusieurs sont encore en vie. Pas l’ombre d’une contribution positive n’est à inscrire à l’actif de cet aréopage.
Sous sa forme papier, le projet Barrage vert sera élaboré par moi seul. Selon Rabah Dekhli, le document a été transmis à la présidence de la République en septembre 1973.
A mon sens, le Barrage vert ne comporte pas deux, mais trois phases.
La première : 1968-1973, s’appelle Barrage vert originel. Il s’agit du projet transmis en 1973 à la présidence de la République et qui avait été présenté de vive voix à Houari Boumediene en 1969.
La deuxième : 1974-1989, peut porter le nom de Barrage vert institutionnel. Elle correspond à la période durant laquelle l’ANP a été mise à contribution. Beaucoup de mystères entourent cette période.
La troisième : 1990 à ce jour, se nommerait Barrage vert sectoriel, car ne concernant que les services forestiers et des services déconcentrés du ministère de l’Agriculture. J’ai nommé durant plusieurs années cette dernière phase Barrage vert erratique ; le qualificatif sectoriel m’a paru présenter un caractère moins péjoratif.
Vous dites «les forestiers prenant en charge les aspects techniques». Il s’agit d’une pure vue de l’esprit. Aucun aspect technique n’a été pris en charge par la hiérarchie forestière bien en peine de réussir ses propres programmes. Les conscrits comme leurs chefs sont restés livrés à eux-mêmes. La propagande officielle impute le relatif échec du Barrage vert au Haut Commissariat au Service national. «Maintenant, on va voir ce qu’on va voir», répète-t-on depuis 1990. On a vu.
«Le changement de démarche» tient à une raison. Le Barrage vert est le concept d’une personne : Grim. Le concepteur mis à l’écart, le concept s’écroule. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Si la hiérarchie forestière disposait d’un projet de remplacement, elle l’aurait possiblement mené à bon port. Or, les dignitaires du secteur forestier n’ont pour unique préoccupation que leur prospérité matérielle. Et cette fixation sur l’enrichissement à tout prix est totalement incompatible avec le souci de l’intérêt général.
Quel a été l’accueil des populations locales à ce projet ?
Je ne parlerai que des projets que j’ai définis moi-même en 1968 et 1969.
Les travaux d’aménagement des formations forestières naturelles des Monts des Ouled Naïl : j’évoque ce travail parce que tels que conçus à l’origine, les grands reboisements proposés vont de pair avec l’aménagement généralisé des formations forestières d’Algérie. Envisager des investissements considérables dans des plantations tout en laissant péricliter ce que la nature a fabriqué relèverait de l’incohérence absolue pour le moins. Cet aspect de la question a échappé à pratiquement l’ensemble des intervenants sur le sujet, qu’il s’agisse de responsables politiques, administratifs ou universitaires. D’où cette ligne continue de largeur variable s’étendant d’est en ouest et sur laquelle il faudra revenir.
Ces travaux en forêt reçurent un accueil favorable tant des autorités locales, comme Saïd Boukhelkhal, maire, ou de M. Bessaieh, sous-préfet. Une très nombreuse main d’œuvre trouva à s’employer dans une contrée frappée alors par un chômage important.
Les travaux mobilisèrent une grande quantité de bois de chauffage cédé à un prix avantageux aux populations de ces territoires à hiver rude. Un syndicat intercommunal du bois avait été créé par Saïd Boukhelkhal (toujours en vie, me semble-t-il). Une tradition forestière commençait à apparaître dans un secteur qui n’avait connu jusque-là que les chantiers de chômage épisodiques.
Une usine de panneaux de particules de 30 000 m3/an a été inscrite en projet à mon initiative, puis édifiée quelques années plus tard grâce à la persévérance de Saïd Boukhelkhal notamment. L’administration forestière refusant de l’approvisionner en matière première, l’unité fermera ses portes quelques petites années après son inauguration.
Travaux de plantation dans les zones sans formations forestières naturelles (Barrage vert stricto sensu).
Le premier périmètre, d’une vingtaine de milliers d’hectares, portera le nom de Moudjbara. C’est jusqu’à ce jour le projet phare du Barrage vert ; Google Maps en fera une forêt comme chacun pourra éventuellement le vérifier. Les plantations devant s’effectuer à la cadence de 2000 ha/an, une importante main d’œuvre – des centaines de personnes – pouvaient s’y employer à la fois comme planteurs et dans la pépinière réalisée au moyen de la seule compétence du chef de district Abdelhamid Bérini. Une bonne partie des habitants de la région de Djelfa attendait avec espoir et impatience le début des travaux.
Trois autres projets figureront dans la nomenclature du programme spécial de la wilaya du Titteri au titre de la sous-préfecture de Djelfa. Il s’agit des projets de Zénina (aujourd’hui El-Idrissia), Aïn El-Ibel et Dar Chioukh, tous trois d’une vingtaine de milliers d’hectares chacun, mais pas nécessairement d’un seul tenant. Chaque fois, l’attente et les espoirs des populations et des autorités municipales seront grands ne serait-ce qu’en raison du volume d’emploi considérable espéré.
Il est fait continuellement état effectivement d’«opposition des populations» ; mon sentiment est que par «population» on entend principalement les propriétaires d’immenses troupeaux dont l’influence sur les plans économique et politique va crescendo. Sur cet aspect des choses, je sais que je ne vous apprends rien.
On a également beaucoup parlé de la question du choix des espèces plantées. Qu’en est-il ?
Absolument. Il s’agit d’un grief récurrent émis depuis à peu près le milieu des années 1990. Les critiques viennent de qui ? De techniciens de la forêt ou de l’écologie végétale disposant d’une sérieuse expérience de terrain ? Sûrement pas. Qui a empêché l’administration forestière d’imposer une ou des espèces en remplacement du pin d’Alep – puisque c’est de ce végétal qu’il s’agit ? Personne.
C’est moi qui ai proposé d’utiliser dans une première étape le pin d’Alep comme espèce principale de reboisement. Lorsqu’on parle d’espèce principale, on suggère automatiquement l’existence d’espèces secondaires. Ces espèces secondaires, par exemple, et dans une première phase toujours, seraient le chêne vert, les deux genévriers du pays, et dans les dépressions, le pistachier de l’Atlas. Il s’agissait tout simplement d’«imiter la nature, hâter son œuvre», perpétuant sur la terre d’Algérie un adage du XIXe siècle né à l’Ecole forestière de Nancy. Je me considère – je ne sais pas si je l’ai déjà dit – à tort ou à raison le continuateur de la doctrine d’aménagement et de sylviculture élaborée pour les régions tempérées d’Europe, mais dont j’ai prouvé entre 1968 et 1994 la parfaite transposition à l’Algérie moyennant des adaptations plus ou moins importantes (cf. mon ouvrage en deux volumes Le pré-aménagement forestier). En Allemagne, Heinrich Cotta et Theodor Hartig ; Bernard Lorentz, Adolphe Parade-Soubeyrol et Louis Tassy – qui rédigea un excellent rapport sur l’Algérie en 1872 – en France, pour nous limiter à l’évocation de ces noms glorieux, contribuèrent à épargner le désastre à la forêt d’Europe tempérée. Les travaux de ces génies ne s’étendirent malheureusement pas à la région méditerranéenne.
Le pin d’Alep, parmi les végétaux de grandes tailles susceptibles de fournir en massif un produit ligneux économiquement intéressant, est, jusqu’à plus ample informé, l’espèce la plus rustique, la plus résistante à l’aridité qui puisse croître sur la planète.
L’arbre, en Algérie, peut atteindre de grandes tailles. En 1967, j’avais mesuré dans la forêt de Beni Imloul, dans les Aurès, un individu atteignant 27 mètres de hauteur. Mais qu’on ne me fasse pas dire n’importe quoi… Je n’affirme pas que le pin d’Alep d’Algérie atteint partout 27 mètres de haut. Ce que j’énonce, par contre, et tout contradicteur est le bienvenu, c’est qu’avec une sylviculture appropriée, il est possible de produire couramment des arbres comportant un fût net de nœuds sur 3 à 4 mètres de hauteur.
La hiérarchie forestière affirme depuis 52 ans que Grim manque de crédibilité.
Rapportons ici ce que disent d’autres forestiers à propos de la frugalité du pin d’Alep.
Pour le site Canopé de l’Université de Nice, le pin d’Alep colonise même les régions désertiques où les précipitations moyennes annuelles sont de 250 mm d’eau par an. Pour cinq chercheurs marocains, une provenance de pin d’Alep de leur pays correspond à des précipitations de 250 mm par an. Pour M. Dupérat et J.-M. Polèse, le pin d’Alep se contente de 250 mm de pluie par an. J. Bedel, forestier natif d’Oran, estime, pour sa part, que l’optimum pour le pin d’Alep est de 300/400 mm, mais qu’il supporte bien 250 mm de précipitations. Le travail bénévole de Mohamed Andaloussi – déjà évoqué – m’a amené en 1969 à faire coïncider la limite méridionale du projet de Moudjbara avec l’isohyète 275 mm.
Ces informations se trouvent sur mon site forêt numide.
De mémoire à présent, le courageux botaniste oranais Alcaraz (in memoriam) écrivait dans sa thèse de doctorat que le pin d’Alep se développait bien sous 275 mm de précipitations à Marhoum.
On peut aussi s’étendre sur les performances de l’espèce au plan de la productivité ligneuse, mais je pense que ce serait lasser vos lecteurs que de les encombrer de considérations liées à la spécialité forestière.
En même temps que les plantations du Barrage vert et les interventions dans les formations sylvestres naturelles, il avait été proposé l’édification d’un centre de recherches précisément destiné à résoudre un grand nombre de questions, comme celles relevant de la climatologie, de la pédologie, du choix des espèces et des provenances, des techniques de plantation… (cf. toujours le chapitre 20 de mon ouvrage).
Toute la zone du Barrage vert devait être couverte par un réseau de pluviomètres – pour commencer – à la densité d’un appareil pour 40 000 ha en moyenne (cf. mon ouvrage et mon site).
Une fois édifié, le centre de recherches de Djelfa servit longtemps de maison d’hôte pour mémorisants pistonnés.
En 1980, de passage dans cette institution en compagnie de Sid Ahmed Yessaad, alors sous-directeur au secrétariat d’Etat aux Forêts, je découvre que pour le prétendu chercheur chargé de la gestion du pluviomètre de la station, le mois de janvier comporte 32 jours.
Dans le cadre des opérations du Barrage vert, on a planté des arbres morts, on a également mis en terre des plants transportés en camion sur des centaines de kilomètres sous le soleil. La question des provenances, pourtant essentielle, n’est pas prise en considération jusqu’à ce jour.
Depuis 50 ans, aucun progrès ne peut être porté au crédit de la recherche forestière dans les contrées semi-arides d’Algérie. Bien au contraire, l’amour du travail bien fait cher à Abdelhamid Bérini, Abderrahmane Khaldi dit Taleb, Mohamed Boussiri, Younès Atek, Saïd Kebab… à Djelfa ; Miloud Didaoui, Lakehal Belabbas, Mohamed Marok, Habib Belkhodja, Mohamed Boucif, Abdelkader Djiid, Kada Bensekrane, Zerrouki Miloud, Zerrouki Belkacem, Kandouci Laredj, Senouci Brahmi… à Saïda semble avoir définitivement déserté les esprits des cadres forestiers d’Algérie.
Comme il serait revigorant d’apprendre que des maires de la trempe de Saïd Boukhelkhal ou des sous-préfets du dévouement de M. Bessaieh poursuivent la tradition établie par leurs aînés.
Depuis longtemps maintenant, les cadres forestiers d’Algérie se laissent vivre, accaparés du seul souci de leur ascension sociale et de leur prospérité matérielle. Une nomination par décret rapporte beaucoup, en plus de ce qu’il est possible de grignoter ici et là chez le riverain de la forêt ou bien le gros propriétaire de troupeaux.
Je suis, encore une fois et quoi qu’on en dise, l’unique concepteur du projet, mais sans le courage, l’endurance, la compétence, le sacrifice – allant parfois jusqu’à la mort (Mohamed Marok) ou à la longue privation de liberté (Abdelhamid Bérini) –, le Barrage vert comme la méthode d’aménagement sur compartimentage préalable appelée communément pré-aménagement seraient restés au stade de vagues pensées d’un rêveur.
Propos recueillis par Houari Achouri
(Suivra)
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