Sommet UA-UE : l’Algérie condamne avec force le trafic d’êtres humains
L’Algérie a condamné avec force, mercredi à Abidjan, le trafic d’êtres humains, pratiqué par les réseaux de crime transnational, a affirmé mercredi soir à Abidjan (Côte d’Ivoire) le Premier ministre, Ahmed Ouyhia, qui représente le président de la République Abdelaziz Bouteflika au 5e sommet Union africaine-Union européenne (UA-UE).
«L’Algérie tient à condamner avec force le trafic d’êtres humains, pratiqué par les réseaux de crime transnational, crime qui prend des formes diverses, du terrorisme, au trafic de drogues, à la traite esclavagiste de personnes», a affirmé Ouyahia dans son intervention sur la thématique «Mobilité, migration et jeunesse». A ce titre, il a indiqué que «la Libye est victime de ce crime survenu sur son territoire déchiré et secoué par une crise dont chacun ici se remémore l’origine», faisant observer que «cela nous interpelle tous ensemble pour redoubler d’efforts en vue du règlement de cette crise, dans la préservation de l’unité, la souveraineté et l’intégrité de la Libye».
Evoquant l’Algérie, Ouyahia a indiqué que «confronté à une situation inédite par son ampleur, mon pays, le plus exposé aux flux migratoires au Maghreb en raison de sa stabilité au plan sécuritaire et de sa dynamique économique, y fait face en mobilisant ses seuls moyens matériels et financiers, toujours plus importants, tout en demeurant animé de considérations humanitaires et de solidarité». Il a expliqué que c’est dans cet esprit que l’Algérie a mis en place un dispositif juridique permettant aux migrants de séjourner sur son territoire et d’accéder, de manière indiscriminée, aux soins de santé, à la scolarité gratuite et même au marché de l’emploi. Il a ajouté que l’Algérie s’est aussi dotée d’un dispositif socio-économique de nature à favoriser une meilleure prise en charge des jeunes candidats à la migration irrégulière.
En parallèle, l’Algérie «consent des efforts notables en matière de prévention et de lutte contre l’immigration irrégulière à travers la consolidation du dispositif de surveillance de ses frontières et de ses côtes et la réadaptation régulière des plans de prévention et de lutte aux modes opératoires des réseaux de passeurs», a relevé le Premier ministre dans son intervention. Il a également fait savoir qu’à ces actions s’ajoutent «la concertation que l’Algérie se fait un devoir d’entretenir avec les pays d’origine de son voisinage, notamment le Niger et le Mali, pour organiser le rapatriement de leurs ressortissants en situation irrégulière de la manière la plus humaine possible, en tenant dûment compte des contraintes qui sont les leurs mais aussi des considérations d’ordre public qui se posent avec acuité à mon pays».
L’ampleur de la crise migratoire en Méditerranée conforte notre conviction quant à «la nécessité d’œuvrer à l’endiguement de ce fléau par une stratégie holistique qui tienne compte des causes profondes à prendre en charge pour lutter efficacement et durablement contre ce phénomène», a recommandé Ouyahia. Il s’agit, a-t-il expliqué, en premier lieu de «prévoir et régler les conflits armés, de poursuivre le combat contre le terrorisme et la criminalité organisée et d’apporter l’aide au développement en s’engageant sérieusement sur la voie de l’investissement, de la croissance et de la création d’emplois». Il s’agit aussi, a poursuivi le Premier ministre, de «lutter avec efficacité et fermeté contre la traite des personnes, les réseaux de passeurs et toutes les formes de violences exercées contre les migrants, et les plus vulnérables d’entre eux, les femmes et les enfants».
Promouvoir une approche toujours «plus humaine et plus solidaire»
Pour Ouyahia, le thème sensible de la migration et la jeunesse témoigne de «l’intérêt cardinal» que les pays africains et européens attachent à cette problématique d’ensemble et à «la nécessité de lui apporter un traitement approprié et à la mesure des attentes». «Parce que le drame de la migration affecte en premier lieu la jeunesse, frange la plus fragile et la plus exposée de nos sociétés, nous sommes tous aujourd’hui interpellés par l’impérieuse nécessité de conjuguer nos efforts pour mettre fin à ce drame», a-t-il recommandé. Il a estimé que «le rôle des pouvoirs publics de nos sociétés doit consister en une action globale et soutenue et une prise en charge de la jeunesse et de ses aspirations et ses ambitions à assumer et réaliser ses projets», ajoutant que «cette jeunesse doit se sentir partie prenante des mutations qui interviennent dans nos sociétés au triple plan politique, économique et social». «Je voudrais dans ce contexte rappeler l’attachement de l’Algérie à la Déclaration sur la Migration, adoptée en Juin 2015 par la 25ème session ordinaire de la Conférence de l’Union Africaine, tout en réitérant la nécessité de faire face légalement mais aussi humainement aux contraintes que génèrent les flux migratoires irréguliers », a encore souligné le Premier ministre. « Je voudrais, également, rappeler que mon pays a apporté, au niveau africain, une contribution décisive dans l’élaboration d’une position africaine commune sur la migration et le développement de même qu’il a pris une part active au Sommet consacré à la migration qui s’est tenu à La Valette en novembre 2015», a-t-il dit, suggérant de «promouvoir une approche toujours plus humaine et plus solidaire de cette question combien délicate dans le respect de nos engagements internationaux et de la souveraineté des Etats».
«Si l’on peut admettre que la responsabilité devra être partagée, le fardeau résultant des conséquences induites par la lutte contre la migration irrégulière ne saurait incomber aux seuls pays d’origine ou de transit, du reste démunis face à l’ampleur de ce phénomène», a souligné le Premier ministre. Il a précisé que «les partenariats, s’ils sont, à l’évidence, incontournables pour traiter de ce phénomène, devraient intégrer, de manière équilibrée, les intérêts et les préoccupations des pays d’origine et de transit dans une égale mesure que ceux de destination».
Pour un partenariat «exemplaire» entre l’Afrique et l’Europe
Le Premier ministre a toutefois fait remarquer que l’ampleur prise au cours des quinze dernières années par le phénomène de l’immigration irrégulière dans le monde ne devrait pas détourner la communauté internationale, ni les deux organisations, de l’objectif essentiel de «bâtir un partenariat exemplaire entre les deux continents et de poser la base d’un règlement durable et de long terme pour certains défis comme celui de la migration irrégulière». «Certes, les mesures policières et de contrôle aux frontières, tout comme celles destinées à lutter contre l’immigration irrégulière sont nécessaires. Elles ne sauraient, toutefois, suffire à elles seules ni occulter l’œuvre commune à long terme qui nous incombe à tous dans un cadre global et concerté, a relevé Ouyahia. «Elle ne saurait pas plus faire obstacle à la migration légale et ordonnée qui constitue en ces temps de mondialisation un levier important pour les échanges et la coopération entre les peuples et entre les pays», a-t-il déclaré.
R. N.
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