L’Algérie pour une coopération autour de la question du retour des «terroristes étrangers»
Le représentant du ministère des Affaires étrangères, Haoues Riache, a déclaré dimanche à Alger que l’Algérie ne ménagera aucun effort pour promouvoir la coopération bilatérale et régionale autour de la lutte contre les risques véhiculés par «les terroristes étrangers».
«L’Algérie, qui maintient un haut niveau de vigilance sur son territoire et sur ses frontières pour se prémunir des menaces terroristes qui pèsent sur son voisinage immédiat, ne ménagera aucun effort pour promouvoir la coopération bilatérale et régionale autour de la lutte contre les risques véhiculés par les combattants terroristes étrangers», a indiqué M. Riache lors de l’ouverture de la 11e Réunion annuelle des points focaux du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT), dont les travaux se sont ouverts dimanche à Alger.
Le représentant du ministère des Affaires étrangères a mis l’accent, en premier lieu, sur le retour «des combattants terroristes étrangers» des zones de combat en Syrie et en Irak vers leurs pays d’origine ou vers d’autres zones de conflits et de crises, parmi lesquelles «la région du Sahel, de la Corne de l’Afrique et celle du bassin du lac Tchad», les régions «les plus visées».
«Pour avoir connu dans les années quatre-vingt-dix le phénomène du retour de ce que l’on appelait à l’époque les ‘‘Afghans’’, l’Algérie mesure pleinement la gravité de la menace sur la sécurité et la stabilité des pays dont sont porteurs ces criminels», a-t-il soutenu.
Il a, en outre, ajouté qu’«idéologiquement bien formés, militairement aguerris et souvent maîtrisant parfaitement l’usage d’internet et des réseaux sociaux, ces criminels sont invités par leurs chefs à poursuivre leurs actions destructives sous forme de guérilla là où ils se trouvent».
Les informations disponibles indiquent, a-t-il noté, que «les jeunes Africains, qui se sont engagés dans l’aventure terroriste et qui vont retourner vers l’Afrique, se comptent malheureusement par milliers, mettant ainsi davantage de pression sur les ressources déjà limitées d’un grand nombre de pays africains».
Il a relevé en second lieu l’existence d’une forte connexion entre le terrorisme et le crime organisé transnational. «Aujourd’hui, cette connexion est avérée et documentée dans de nombreuses régions de notre continent avec de solides ramifications internationales. Les drogues, en particulier la cocaïne, l’héroïne et le hachich, la migration illégale, le trafic d’armes et de psychotropes, le trafic d’êtres humains, les vols de bétails, le trafic de biens culturels, la piraterie, la contrebande en tous genres, la liste est malheureusement longue, sont autant de créneaux autour desquels se forment et se concrétisent la coopération et la collaboration entre les groupes mafieux et les groupes terroristes», a-t-il regretté.
Ce sont, a-t-il dit, «autant de défis posés à nos pays et à notre continent, mais aussi à la communauté internationale dans son ensemble et qui appellent à une meilleure connaissance de ces menaces et à une meilleure réponse individuelle et collective».
M. Riache a reconnu en troisième lieu qu’«il y a la plaie de la facilité d’accès des groupes terroristes aux ressources financières qui leur permettent aujourd’hui d’élargir à de nouveaux pays africains leur menace et de commettre des actes terroristes en nombre croissant dans des pays qui en étaient à l’abri jusqu’à maintenant».
Les sources de financement sont, a ajouté M. Riache, «nombreuses et se rapportent tant à cette relation avec le crime organisé transnational, à l’importance de l’économie informelle et la difficulté de contrôler pleinement les mouvements d’argent, à l’apport extra-africain notamment par le biais du paiement des rançons dans les situations de kidnapping, qu’aux failles relevées dans l’architecture normative internationale mise en place pour lutter contre ce fléau. Le tarissement interpelle nos pays certainement, mais plus encore la communauté internationale pour plus de coopération ciblée et de solidarité active».
Efforts de l’Algérie pour le tarissement des sources de financement du terrorisme
Par la même occasion, il a rappelé que l’Algérie, qui dispose d’une législation nationale et de mécanismes institutionnels aux normes internationales de la lutte contre le financement du terrorisme, «appelle à la criminalisation du paiement des rançons par les Nations unies». «Elle reste attentive et soutient tous les efforts de notre continent et de la communauté internationale visant le tarissement des sources de financement du terrorisme», a-t-il assuré.
L’intervenant n’a pas manqué, par ailleurs, de noter que «l’exigence de renforcer la prévention de la radicalisation dans les milieux vulnérables, des jeunes en particulier, mais aussi la nécessité de mettre en place à cette fin des plans d’action s’inscrivant dans la durée, guidés par l’élimination des facteurs de marginalisation, de vulnérabilisation et de stigmatisation politique, économique, sociale, culturelle, religieuse et autres dans la société».
A cet égard, il rappelé la politique de déradicalisation menée en ce sens par l’Algérie, mise en œuvre parallèlement à «une courageuse politique de réconciliation nationale et à la promotion de la démocratie en tant qu’antidote à l’extrémisme violent et au terrorisme», ce qui a permis au pays de «retrouver la paix, la sécurité et la stabilité et surtout de mettre durablement le pays, les institutions et les citoyens à l’abri de la menace extrémiste».
En sa qualité de coordonnateur pour la prévention de l’extrémisme violent et la lutte contre le terrorisme au titre de la haute mission qui a été confiée au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, par ses pairs de l’Union africaine, l’Algérie est très attentive au développement de la menace terroriste sur notre continent et attache, à ce titre, une grande importance à l’aboutissement de nos efforts respectifs en vue de l’élimination de ce fléau sur notre continent.
Il a, par la même occasion, rappelé la tenue récente à Oran du Forum africain de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme, coorganisé par l’Union africaine et l’Algérie. cette rencontre, a-t-il souligné, a constitué une opportunité pour «nos pays et à bon nombre de nos partenaires étrangers de partager leurs analyses sur l’étendue de la menace terroriste qui pèse sur notre continent, dans un contexte régional et international dominé par la défaite en cours du groupe terroriste Daech et une certaine recomposition de la carte géopolitique des nouveaux dangers qui guettent un nombre croissant de pays africains».
La 11e réunion du CAERT, prévue sur trois jours et dont les travaux se poursuivront à huis clos, sera l’occasion d’analyser l’état actuel du terrorisme sur le continent africain, d’améliorer la coordination dans la lutte antiterroriste et de déterminer la voie à suivre pour faire progresser les objectifs de lutte contre ce fléau transfrontalier.
La dernière réunion, la 10e, des points focaux s’était tenue à Alger le 14 décembre 2016.
R. N.