Echec à la provocation
Par Kamel Moulfi – La provocation a-t-elle échoué en Kabylie ? De toute évidence, c’est le calme qui l’emporte face à l’agitation. Pourquoi ? A cause du mauvais choix de la saison ou de changements plus profonds à la fois dans la région et dans l’objet même de la revendication brandie comme prétexte pour faire bouger les populations locales. Est-ce que la protestation contre la marginalisation de la langue amazighe n’a plus de raison d’être ? Sans doute faudra-t-il, pour mobiliser dans cette région, modifier les slogans et tenir compte des nouvelles réalités.
La ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, a donné les indications qui permettent de comprendre les raisons qui ont fait que le feu n’a pas pris cette fois : durant l’année 2017-2018, près de 350 000 élèves étudient la langue amazighe, encadrés par 2 757 enseignants (contre 1 902 pour 2015-2016) ; l’enseignement de tamazight est passé de 11 wilayas en 2014 à 38 wilayas ; depuis 2002, dans le cycle de l’enseignement secondaire général et technique, le nombre d’élèves est passé de 13 426 à 68 436.
Face à des faits aussi têtus, étayés sur des chiffres vérifiables, il faut reconnaître que le fameux projet d’amendement de la députée du Parti des travailleurs est loin de faire le poids. Il n’y a aucun recul ni stagnation dans la promotion de la langue amazighe. Tous les observateurs honnêtes ont noté que les formes de protestation – manifestations violentes et grèves – sont disproportionnées, voire injustifiées. Le but de la manœuvre de ceux comme le MAK n’a pas d’autre objectif que de déstabiliser la région et engager le mouvement étudiant et lycéen qui milite pour la cause du tamazigh dans l’impasse.
Il est significatif que les anciens dirigeants qui ont animé les manifestations de contestation en 1980 et en 2001, et n’ont jamais cessé de militer en faveur de cette revendication démocratique, se soient vite méfiés des appels lancés parfois anonymement pour une grève scolaire et des manifestations illimitées, avec une logique de l’escalade et une répression qui entraîneraient le soutien de la population. Les choses se passent autrement. Heureusement.
K. M.
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