2017 : année des premières œuvres et de l’affirmation de la littérature algérienne
La littérature algérienne a marqué sa présence durant l’année 2017 à travers les prix raflés dans les milieux arabes et de la francophonie, mais aussi par l’émergence au niveau local de nouveaux éditeurs et auteurs, suscitant une polémique autour du genre et de la qualité de l’ouvrage.
De nombreuses œuvres ont été primées cette année, bien plus que les années précédentes, notamment dans le genre romanesque, qui, désormais, a détrôné le récit et la poésie face aux priorités des éditeurs et de la critique.
La consécration à Qatar des romanciers Abdelwahab Aïssaoui et Saïd Khatibi, qui ont remporté le prix Katara pour leurs œuvres respectives Voyage des œuvres oubliées (roman non publié) et Quarante ans à attendre Isabelle (Eberhardt), et celle du poète et universitaire Bachir Dhifallah pour son ouvrage Etudes et recherches du roman arabe, sont les haltes les plus importantes de la littérature algérienne en 2017.
Si pour Dhifallah et Khatibi, il s’agit de leur première distinction cette année, Aïssaoui, quant à lui, a déjà remporté le prix Souad Al-Sabah de la création intellectuelle et artistique pour son roman Adawair wa el-abwab édité par la maison d’édition Mim. Ce dernier figurait sur la longue liste du prix pour le concours de dramaturgie organisé par l’Etablissement arabe du théâtre.
Dans le même concours, les deux Algériens Ben Alia Rabhi avec son texte Rihlat Oubour et Mohamed Ben Rabi pour son œuvre Mawet Edhat Ethalitha, figuraient aussi sur cette liste. Les auteurs Hassan Miliani, Mohamed Soltani et Ahmed Lakhal ont été également primés.
La jeune écrivaine Kaouther Adimi a créé l’événement en France et en Algérie après la parution de son roman Nos richesses qui a obtenu le prix Renaudot des lycéens et le prix du Style.
La jeune critique littéraire Rahmatoullah Ourissi était également présente sur la liste des lauréats en décrochant à Sharjah (Emirats arabes unis) un prix dans le cadre du concours pour le prix Sharjah de la créativité arabe.
L’auteure Djamila Yahiaoui a réussi à décrocher le prix du livre spécialisé dans le domaine des wakfs et de l’action caritative au Koweït avec son texte Sahib El-Midhalla Essaoudaa.
Les deux romanciers Mohamed Lamine Benrabie et Belkacem Merzouchen ont pu décrocher le prix Tahar-Ouettar du roman en langue arabe dans sa première édition.
L’année a été clôturée par l’attribution du Grand Prix Assia-Djebar du roman à Merzak Baktache pour son dernier roman El-Matar Yaktoubou siratahou, à travers lequel le romancier a amorcé son retour sur la scène littéraire, après une absence.
Mustafa Zarouri a été primé pour son roman en langue amazighe D wagi darisem-iw, tandis que le prix du roman en langue française est revenu à feu Noureddine Saâdi pour son roman Boulevard de l’abîme.
Nouveaux auteurs et problématique de qualité de l’écriture
Les éditeurs algériens ont présenté lors du Salon international du livre (Sila 22) plus de 180 romans d’expression arabe, amazighe et française, dont plus de 90% sont en arabe, la moitié étant les premières œuvres de leurs auteurs, ce qui fait de 2017, l’année des premières œuvres romanesques publiées par excellence. De nouvelles maisons d’édition ont émergé qui ont choisi de présenter des œuvres écrites par de nouveaux auteurs qui tentent de s’imposer sans se soucier de la qualité et de la finalité de l’écriture.
Des écrivains émérites, à l’instar d’Amine Zaoui, Wassini Laâradj et Habib Essaieh, poursuivent leur percée à travers de nouvelles publications cette année, tandis que Kamel Daoud a signé un deuxième roman intitulé Zabor ou les psaumes et retenu parmi les plus importantes parutions en Algérie et en France.
Par ailleurs, l’année 2017 a vu l’avènement de nouvelles maisons d’édition dont la maison d’édition El-Watan qui s’est engagée dans la publication de livres de poche à 200 DA le livre, une expérience pionnière dans le domaine.
L’année 2017 a connu un nombre important d’initiatives pour favoriser la lecture à travers la création de forums de lecteurs sur les réseaux sociaux et par l’échange de livres et la promotion de la lecture sous des slogans tels que «El-Madina Taqraa».
En voulant se démarquer des autres auteurs, ces «nouveaux écrivains» ont présenté des œuvres ouvertes ne relevant d’aucun genre, mais portent cependant la mention «roman» ou «récit». Celles-ci ont quand même été bien vendues, car leurs auteurs en ont fait une bonne promotion dans les réseaux sociaux.
R. C.
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