Forêts : les feux ont ravagé près de 54 000 hectares en 2017

La cause serait les conditions météorologiques défavorables
La superficie ravagée par le feu a presque doublé en 2017 par rapport à 2016 (27 029 ha). New Press

Une superficie totale de 53 975 hectares de végétation a été ravagée par les feux durant l’année 2017 au niveau national, et ce, à travers 2 992 foyers, a indiqué jeudi à Alger la Direction générale des forêts (DGF).

La DGF a également précisé que cette superficie totale a concerné 28 841 ha de forêts (contre 6 717 ha en 2016), 10 398 ha de maquis (contre 5 567 ha) et 14 745 ha de broussaille (contre 14 745 ha).

Ce bilan a été présenté lors d’une réunion de la commission nationale de protection des forêts présidée par le Secrétaire général du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Kamel Chadi, en présence des conservateurs des forêts de 13 wilayas du pays et de représentants de la Protection civile et de la Gendarmerie nationale.

Cette superficie ravagée durant la compagne 2017 représente quasiment le triple de celle consumée par les flammes durant l’année 2016, qui a représenté 18 370 ha, et ce, en raison des conditions météorologiques défavorables.

A cet effet, le chef de la division veille climatique au niveau de l’Office national de météorologie (ONM), Lotfi Halimi, a indiqué que durant la période juin, juillet et août 2017, l’écart des températures par rapport à la moyenne a été de +2 à +3 degrés Celsius dans le nord du pays.

D’autre part, la DGF a indiqué que durant cette campagne, un dispositif d’intervention a été mobilisé pour la lutte contre les incendies à travers les conservations de forêts de 40 wilayas du pays concernés par les feux de forêts.

Ce dispositif est composé de 405 postes de vigie chargés de la surveillance et de l’alerte avec un effectif total de 1 007 éléments, 481 brigades mobiles d’un effectif de 2 456 éléments chargés de la première intervention dont 309 camions citernes feux de forêts légers (CCFFL), ainsi que 1 217 chantiers d’un effectif de 16 604 ouvriers et 2 828 points d’eau situés en forêts ou à proximité ayant servi à approvisionner en eau les différents moyens d’intervention.

En outre, 32 camions ravitailleurs en eau ont été mobilisés durant cette même campagne, alors que concernant le réseau de télécommunication, 2 056 équipements radioélectriques ont été mis en œuvre, permettant ainsi de donner l’alerte rapide des feux naissants et de renforcer la coordination dans l’intervention.

Selon la DGF, ces moyens ont été fortement appuyés par d’importants renforts humains et matériels des services de la Protection civile, notamment les colonnes mobiles, qui ont atteint récemment le nombre de 27 au niveau national, alors que 13 autres wilayas concernées par les feux de forêts n’en sont pas encore dotées.

Renforcement des moyens de lutte contre les feux de forêts depuis 10 ans

A l’ouverture de cette réunion, M. Chadi a indiqué que dans le domaine de la prévention contre les feux de forêts et des dommages qu’ils causent, les institutions de l’Etat ont consenti des efforts importants notamment durant les dix dernières années.

Ces efforts se sont matérialisés, entre autres, par l’ouverture de 6 000 km de routes et sentiers facilitant l’intervention en cas d’incendie, la réalisation de 10 000 ha de pare-feux (dont 478 ha en 2017).

«Ces efforts se poursuivront durant les prochaines années, et ce, à travers le renforcement des moyens de prévention ainsi que la modernisation du matériel de gestion et d’intervention», a-t-il poursuivi, en notant que l’Etat a acquis 44 nouveaux CCFFL.

Selon M. Chadi, devant le défi de la hausse continue du nombre de foyers de feux de forêts qui se déclenchent annuellement ainsi que les superficies ravagées, «l’ensemble des stratégies nationales de lutte restent insuffisantes».

Il a de même insisté sur l’importance de renforcer la coordination entre les différents intervenants dans cette lutte, notant que la prévention et l’intervention sur les feux de forêts qui se basent sur l’alerte rapide et les premières interventions comptent pour beaucoup sur la coopération des habitants aux alentours de ces forêts.

M. Chadi a aussi souligné que le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, à travers la DGF, a conclu plusieurs conventions de coopération avec des partenaires nationaux et étrangers dans le but de renforcer la prévention et la lutte contre les feux de forêts.

Il a cité dans ce sens la convention de coopération entre la DGF et l’Agence spatiale algérienne (Aasl) en 2003 en vue de l’utilisation des images satellites dans la lutte contre les feux de forêts, mais également le projet ClimaSouth en coopération avec l’Union européenne (UE), qui est en cours de finalisation, et le projet de coopération technique dans la gestion des feux de forêts avec l’organisation onusienne chargée de l’alimentation et de l’agriculture (FAO).

Par ailleurs, M. Chadi a indiqué à la presse en marge de cette rencontre que pour la campagne de lutte contre les feux de forêts de 2018, la stratégie du ministère pour éviter les feux de forêts tablera sur la prévention, la détection précoce, le renforcement en pare-feux et l’ouverture de sentiers forestiers pour les premières interventions, de même que le renforcement de points d’eau.

Pour ce qui est de la superficie forestière, le responsable a indiqué qu’elle est supérieure à 4 millions d’hectares, soit 11% de la superficie du pays, située notamment au nord du pays, notant que le gouvernement a mis au point un programme pour son élargissement, en l’amenant dans un premier temps à 13%.

Concernant l’indemnisation des sinistrés des derniers feux de forêts, le responsable a expliqué que le rôle du ministère est de permettre à ces citoyens de reprendre leurs activités économiques respectives (apiculture, oléiculture, arboriculture, élevage…).

«Nous avons élaboré un programme au niveau du ministère que nous avons entamé et que nous continuons à réaliser, et ce, en parallèle à l’année biologique des plantes», a précisé M. Chadi, en expliquant que les services du ministère accordent aux sinistrés des plants et du matériel, et ce, sans leur verser de l’argent en cash.

R. N.

Commentaires

    MELLO
    29 décembre 2017 - 12 h 55 min

    La DGF ne cesse d’émettre des constats, que des constats , mais aucune enquête n’a été diligentée officiellement pour débusquer d’éventuels pyromanes. Des citoyens sont descendus dans la rue pour exprimer leur colère après les incendies qui ont ravagé leurs champs. Que ce soit par accident, par négligence ou volontairement, les incendies sont à 80% d’origine humaine, s’accordent à dire les agents de la Protection civile. Cette institution ne peut qu’intervenir afin de limiter les dégâts avec des moyens limités, à savoir des camions et autres véhicules qui ne peuvent accéder dans des reliefs difficiles , comme ce fut le cas en Kabylie. Généralement, les départs de feu, signalés aux abords des routes, sont causés par les activités agricoles telles que le défrichement et l’incinération de végétaux. Néanmoins, aucune enquête n’a été engagée officiellement pour débusquer d’éventuels pyromanes. Œuvre de pyromanes ? Feux accidentels ? Les avis divergent. Pour les populations locales, derrière ces incendies ravageurs, il devrait forcément y avoir un «Néron» endémique.
    Une surveillance accrue par hélicoptères doit être engagée à l’orée des saisons estivales.

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