La coopération franco-algérienne avance d’un pas sûr malgré de faibles IDE
Malgré la faiblesse des IDE français, la coopération franco-algérienne avance d’un pas sûr dans la concrétisation des projets structurants, gagnant-gagnant, ainsi que dans l’exploration des domaines de codéveloppement pour un investissement durable entre les deux pays.
C’est le sens qu’a voulu donner le président français, Emmanuel Macron, à sa dernière visite de travail et d’amitié en Algérie, le 6 décembre, qui sera suivie au cours du premier trimestre de 2018, indique-t-on, d’une visite d’Etat au cours de laquelle plusieurs accords seront mis «dans le pipe» (tuyau). Conscient de la place géopolitique et du rôle géostartégique de l’Algérie Macron, qui a été le seul candidat à la présidence française à reconnaître que la colonisation est un «crime contre l’humanité», ambitionne de construire avec l’Algérie un axe «fort» qui fixe ses assises autour de la Méditerranée et se prolonge vers l’Afrique.
Plusieurs experts français recommandent à Paris, en tenant compte de la plus en plus difficile coopération européo-européenne, de s’ouvrir vers le Sud, dans du codéveloppement pour une refondation de la coopération Europe/Méditerranée/Afrique avec comme soubassement l’axe Paris-Alger.
Les deux pays «doivent s’enrichir mutuellement de leurs expériences, de leurs savoir-faire et de leurs richesses humaine et culturelle», a-t-il soutenu en décembre dans une interview à des journaux algériens.
Les deux pays passent à la vitesse supérieure
C’est ce que montre la signature en 2017, entre les deux pays, de pas moins de 14 accords de partenariats dans plusieurs domaines, public et privé, dont l’emblématique projet de l’installation en Algérie d’une usine de Peugeot, après celle de Renault, auxquels il faudra ajouter trois autres accords majeurs qui sont en cours de ratification : la convention d’entraide judiciaire, le protocole adjoint aux soins de santé (sécurisant la prise en charge de patients algériens dans les hôpitaux français) et l’accord «jeunes actifs».
Au cours du dernier trimestre de 2017, la coopération entre les deux pays est passée à la vitesse supérieure avec la tenue, en novembre, à Alger de la 4e session du Comité mixte économique algéro-français (Comefa), couronnée par la signature de trois accords, la visite de travail et d’amitié du président français en Algérie et la tenue à Paris, 24 heures après, de la 4e session du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), coprésidés par les Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Edouard Philippe, à l’issue de laquelle pas moins de 11 accords ont été passés, et le nouveau Document cadre de partenariat (DCP) pour les années 2018-2022, genre de feuille de route de la coopération, a été arrêté.
Durant ces trois rendez-vous importants, la concertation politique entre les deux pays s’est accentuée, notamment à la faveur de la tenue, en marge du Comefa à Alger, de la 3e session du dialogue stratégique algéro-français qui a donné lieu à des échanges entre les deux pays sur les grands défis et problématiques sécuritaires et politiques pour lesquels une grande convergence s’est dégagée entre les deux pays à l’issue de cette session, avait-on indiqué des deux côtés.
La visite de Macron en Algérie qu’il a voulu effectuer, selon l’Elysée, «rapidement» pour «montrer l’importance de pays», a été l’occasion pour les chefs d’Etat des deux pays de réaffirmer leur volonté d’approfondir leurs relations bilatérales, notamment celles partagées afin d’avancer ensemble sur la question mémorielle et le développement des investissements croisés.
Dans un message adressé au Président français, à l’occasion de la fête du 14 juillet dernier, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait réitéré, rappelle-t-on, sa «pleine disponibilité» et sa «volonté résolue» à œuvrer, avec lui, en vue de «consolider davantage» la coopération entre l’Algérie et la France et de la porter à la hauteur de la dimension humaine et du partenariat d’exception que les deux pays ont décidé d’édifier ensemble. Dans son message de remerciements, Macron avait salué la «vision et l’engagement décisif» du président Bouteflika pour «le développement du partenariat d’exception» qui unit l’Algérie et la France». «Jamais dans l’histoire les liens entre nos deux pays n’ont atteint un tel niveau d’excellence et de densité», avait-il affirmé.
La faiblesse des IDE français
Face à cette volonté partagée la coopération économique entre les deus pays devra vraisemblablement connaître, dans les mois prochains, une densité beaucoup «plus importante», de l’avis de nombreux observateurs qui relèvent la faiblesse des investissements français en Algérie malgré les nouvelles opportunités «avantageuses» rendues possibles grâce au nouveau code de l’investissement algérien.
Force est de constater que l’Algérie représente, malgré la volonté politique, une part marginale des IDE français. Selon les données de la Banque de France, les flux d’investissements français en Algérie se sont établis à 138,6 millions d’euros sur l’année 2016 contre 141 millions euros en 2015.
Les principaux flux des IDE français vers l’Algérie en 2016 concernent notamment les secteurs liés aux activités des services financiers, hors assurance, les industries, les activités spécialisées, scientifiques et techniques, l’industrie alimentaire, l’information et la communication, la construction aéronautique et spatiale.
Il faut signaler que face à cette situation, les tenants d’une coopération «privilégiée» et «plus intense» des deux rives ne baissent pas les bras et continuent à assurer plusieurs opérations de marketing, dont on peut citer, du côté algérien, les efforts de réforme du dispositif du Conseil national de l’investissement (CNI) et la mise en place prochaine d’une cartographie des investissements dans toutes les wilayas.
Du côté français, plusieurs opérateurs économiques, forts de leur expérience en Algérie pour y avoir mené des projets, n’hésitent pas à encourager leurs concitoyens à «aller de l’avant», soutenant même que l’Algérie est «l’avenir de la France».
R. E.
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