Le doigt sur le bouton
Par R. Mahmoudi – Donald Trump et son rival nord-coréen, Kim Jong-Un, viennent de lancer solennellement la guerre des «boutons» où chacun se vante d’en avoir un plus puissant et plus gros que celui de l’autre, et menace d’appuyer le premier. Le monde n’a peut-être jamais atteint un tel niveau de menace nucléaire.
Mais ce qui inquiète dans cette énième tirade «tweetée» de Trump contre la Corée du Nord, c’est moins sa violence et son effronterie, auxquelles toute l’humanité s’est désormais habituée, que le fait qu’elle survienne à un moment d’extrême tension au Moyen-Orient qu’il entretient lui-même au quotidien. En deux jours, il a menacé, d’abord dans un premier tweet, d’apporter un soutien «très fort», comprendre décisif, à la contestation iranienne pour renverser le régime de Téhéran ; puis, dans un deuxième, de couper les vivres aux Palestiniens en leur faisant un chantage des plus ignobles : accepter toutes les offres israéliennes, et céder notamment sur El-Qods, faute de quoi l’aide financière américaine accordée chaque année à l’Autorité palestinienne (à l’instar de l’Egypte et de la Jordanie, qui reconnaissent officiellement Israël), en guise de soutien au processus de paix, ne sera plus versée.
S’il est vrai que pour les Palestiniens, qui ont déjà goûté au chantage alimentaire, il y a quelques années à Gaza, ces menaces, ajoutées à cette bombe nucléaire que Trump leur avait lancée au sujet du statut d’El-Qods, ne feront que renforcer leurs rangs et raffermir leurs convictions pour faire face à la nouvelle guerre qui, d’après Hassan Nasrallah, hier, serait «imminente». Israël va certainement profiter de la confusion qui règne actuellement en Iran, principal soutien de la résistance palestinienne et libanaise, pour déclencher une nouvelle offensive qui a déjà le soutien préalable de Washington et de ses alliés locaux.
Après tout cela, Trump n’aura réellement plus besoin d’appuyer sur le bouton rouge pour déclencher la guerre nucléaire puisqu’il l’aura déjà fait !
R. M.
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