Un prince saoudien dénonce le royaume «de l’omerta et de l’esclavage» dans un livre
Par Houari Achouri – C’est un véritable réquisitoire contre l’Arabie Saoudite, son propre pays, que dresse le prince opposant Khaled Farhan dans un livre au titre explicite : Royaume de l’omerta et de l’esclavage sous le règne de la maladie d’Alzheimer politique. Les critiques très sévères qu’il déverse à flot sur les Al-Saoud et en premier lieu sur le prince héritier Mohamed ben Salmane sont toutes de la même importance et portent sur des faits d’actualité brûlante.
Le rapprochement entre l’Arabie Saoudite et l’entité sioniste, initié par le prince Mohamed Ben Salmane, est évidemment un des sujets abordés par le livre. Ce rapprochement se fait, écrit Khaled Farhan, au profit des intérêts d’Israël et au détriment des intérêts saoudiens. Il critique également l’américanisation de la société saoudienne. Tout ceci, explique-t-il, a été fait dans la précipitation par Mohamed Ben Salmane pour grimper sur le trône.
Khaled Farhan confirme que la reconnaissance américaine d’El-Qods comme capitale de l’entité sioniste s’est faite avec la bénédiction et l’assistance saoudiennes. Il révèle également qu’Israël dispose de facilités offertes par les autorités saoudiennes pour la navigation dans le détroit de Tiran, dans le golfe d’Aqaba.
«Les interventions de l’Arabie Saoudite dans les affaires des pays de la région ne sont pas fondées sur l’intérêt national ni arabe ni musulman, malgré l’injection massive de fonds», estime le prince opposant, qui a été, signalons-le, contraint à l’exil pour ses positions politiques.
Khaled Farhan fait également remarquer que la guerre en Syrie a forcé Ben Salmane à accepter le fait accompli et le maintien de Bachar Al-Assad, en plus de la perte d’influence en Irak en faveur de l’Iran. Il dénonce de la même façon l’ingérence et la subversion en Libye et ce qu’il décrit comme un chaos dans les relations de l’Arabie saoudite avec les pays de la région et leurs peuples, comme l’Egypte, la Turquie, la Tunisie et le Soudan.
Le prince souligne les conséquences de la participation de l’Arabie Saoudite dans la guerre contre le Yémen, «conduisant à un désastre militaire et humanitaire, tuant des milliers de musulmans arabes, en particulier les enfants, les femmes, les personnes âgées et provoquant la famine et la propagation grave de maladies épidémiques mortelles».
La conduite des affaires à l’intérieur du royaume n’échappe pas à ses accusations, notamment les dépenses somptueuses effectuées par le prince héritier au moment même, fait observer l’auteur du livre, où l’état d’austérité est déclaré dans le pays outre l’augmentation des taxes. Khaled Farhan commente négativement la politique pétrolière du royaume.
L’auteur rappelle ce qu’il avait dit il y a cinq ans, à savoir qu’«en Arabie Saoudite, les autorités ne respectent ni la loi de Dieu, ni même leurs lois. Toutes leurs politiques, leurs décisions et leurs comportements sont dictés par des caprices personnels et présentés faussement sous l’aspect trompeur pour laisser croire qu’ils sont conformes à la loi divine».
La conclusion de Khaled Farhan est sans appel : dans la situation de l’Arabie Saoudite dominée par la corruption politique et financière, le chômage élevé, les bas salaires, l’inefficacité des services publics, la répartition inégale des richesses du pays, aucun changement n’est possible sans une forte pression politique ou médiatique ou populaire.
H. A.
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