Nihilisme syndical
Par R. Mahmoudi – Au nom de la défense des droits légitimes des travailleurs, certaines organisations syndicales chez nous usent et abusent du droit à la grève et font, malheureusement, chaque année, des émules. Dans le corps enseignant particulièrement, une grève «illimitée» peut être décrétée pour le moindre motif et sans même avoir déjà essayé d’autres moyens de protestation, moins radicales et, surtout, moins coûteux et moins néfastes pour l’avenir des élèves dont on oublie très souvent qu’ils sont les seuls à en payer le prix. Les gens sont tellement excédés par cette irresponsabilité chez certains syndicats qu’ils commencent à approuver le désir émis par Benghabrit d’interdire les grèves dans les écoles.
C’est le cas du Cnapeste, dont les dirigeants font apparemment plus de politique que de syndicalisme. Sinon, comment interpréter leur appel à une grève illimitée dans certaines wilayas, et notamment en Kabylie, dans une conjoncture aussi chaude sur le plan social et propice à de nouvelles dérives ? Laisser les collégiens et les lycéens pendant longtemps dehors, c’est prendre le risque de les voir revenir eux-mêmes à la rue et à la protestation, et les pousser ainsi à la violence. Ces syndicalistes semblent avoir vite oublié les périls que nous avons frôlés, il y a quelques semaines, à cause de ces débordements. Aussi, en prenant une décision aussi grave sans même consulter les parents d’élèves, prouvent-ils l’étroitesse, l’irrationalité et le caractère purement nihiliste de leur démarche.
A moins que leur objectif soit, justement, de maintenir un climat de tension dans le pays, le plus longtemps possible et quel qu’en soit le prix. Là encore, l’histoire récente de notre pays nous enseigne que dès lors que le syndicalisme se confond avec politique et lutte des appareils, le résultat est toujours désastreux.
R. M.
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