Immigration irrégulière : l’Europe gagnée par la peur
Par Sadek Sahraoui – L’agence européenne de surveillance des frontières Frontex prévient que l’Espagne affrontera «très probablement» en 2018 une nouvelle hausse des arrivées de migrants par la mer en provenance d’Afrique. Aussi craint-elle de manquer de moyens humains et matériels pour gérer la situation. Les arrivées par la mer ont déjà triplé en 2017, avec près de 22 900 personnes, rapprochant l’Espagne, troisième voie d’entrée, des chiffres enregistrés en Grèce. L’Italie a clôturé l’année en tête avec plus de 119 000 arrivées, selon Frontex.
Depuis début janvier, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a dénombré, quant à elle, 1 916 arrivées en Europe par la mer et 194 morts ou disparitions pendant les traversées. Cette année, il est «très probable que les flux (migratoires) augmentent sur la route de la Méditerranée occidentale (…) et nous devons nous y préparer», a expliqué Fabrice Leggeri, le directeur de Frontex, lors d’une conférence de presse à Madrid. Et ces flux pourraient globalement provenir du Maroc, qui a décidé, semble-t-il, de lever le pied dans le contrôle de ses frontières pour faire du chantage à l’Europe sur la question du Sahara Occidental.
Avec une centaine d’agents, deux bateaux et deux avions, Frontex coordonne actuellement l’opération Indalo de surveillance et de secours au large des côtes méditerranéennes du sud de l’Espagne. Selon plusieurs agences de presse, cette opération est menée en collaboration avec la police nationale et la Garde civile. M. Leggeri s’est engagé à «augmenter et étendre l’appui de Frontex à l’Espagne» pour que l’opération puisse couvrir le côté atlantique du détroit de Gibraltar. Il pourrait aussi augmenter «si nécessaire» le budget de Frontex pour cette opération, actuellement de sept millions d’euros. Le fonctionnaire européen a, toutefois, fait part de sa préoccupation, car Frontex reste dépendant des moyens humains et matériels fournis par les Etats membres de l’UE.
S. S.
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