Chergui contredit les positions de l’Algérie : y a-t-il un deal avec le Maroc ?
Par Karim B. – L’Algérien Smaïl Chergui jubile. Il vient de faire part de sa grande joie de voir le Maroc entrer au Conseil paix et sécurité (CPS) de l’Union africaine. A la question des journalistes de RFI : «Vous êtes le commissaire paix et sécurité de l’Union africaine mais vous êtes aussi une grande figure de la diplomatie algérienne. Est-ce que vous allez pouvoir travailler avec le Maroc ?» le déjà ex-commissaire s’exclame : «Mais absolument !» Et le diplomate algérien de s’étaler, usant de formules flatteuses à l’égard du très remueur voisin de l’Ouest : «Je crois que l’élection du Maroc, pour moi, est en parfaite ligne par rapport à son retour dans l’Union [africaine] et, par conséquent, le Maroc, autant que tous les autres pays, doit avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs.»
Que s’est-il passé depuis le récent déplacement du ministre marocain des Affaires étrangères à Alger pour assister à la réunion du Dialogue 5+5 ? Aussi bien les médias algériens que marocains avaient relevé l’accueil chaleureux accordé par Alger à son hôte dépêché à la dernière minute par Mohammed VI mais un certain scepticisme continuait à entacher ce qui semblait être un dégel entre les deux capitales. Au lendemain de cette accolade, voilà que l’Algérie lâche le Conseil paix et sécurité et applaudit des deux mains l’«heureuse» adhésion du Maroc.
La déclaration de Smaïl Chergui à Radio France Inter contredit de façon criante les positions officielles de l’Algérie qui, tout en s’en tenant aux mœurs diplomatiques, a pesé de tout son poids pour éviter que le retour du Maroc au sein de l’Union africaine porte atteinte à la cohésion de l’organisation. L’Algérie est, en effet, consciente que la manœuvre de Rabat visait à diviser les rangs des Etats africains et à pousser à une transgression des textes de l’UA pour en exclure la République sahraouie.
L’épisode Abidjan est encore dans toutes les mémoires. Le Maroc avait tenté, rappelons-le, d’empêcher la délégation de la RASD de prendre part au Sommet Union africaine-Union européenne. Mais les manigances et le travail de coulisses du Makhzen s’étaient fracassés contre la détermination du Comité exécutif de l’UA qui avait menacé de transférer les travaux du Sommet à Addis-Abeba si jamais la Côte d’Ivoire n’adressait pas une invitation au Président sahraoui, comme cela avait été machiné par Rabat.
L’Algérie et le Maroc ont-ils tourné la page ou Smaïl Chergui s’est-il précipité en exprimant une opinion qui n’engage que sa personne ?
K. B.
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