Badis Diab : «La diaspora algérienne est la plus influente de France»
Le fondateur de Galactik France, Badis Diab, parle dans cette interview de son cabinet dédié à l’accompagnement des jeunes footballeurs amateurs, de sa fondation humanitaire qui œuvre pour venir en aide aux enfants africains afin qu’ils puissent participer au développement de leurs pays. Il évoque, également, la diaspora algérienne en Occident et lance un appel aux institutions algériennes de profiter de ces milliers de talents installés en France, mais aussi en Grande-Bretagne, au Canada et aux Etats-Unis pour un retour au pays afin de participer au développement économique et social.
Propos recueillis par Houneïda Acil
Algeriepatriotique : Vous êtes le fondateur du cabinet Galactik France pour l’accompagnement des footballeurs amateurs. Quel est le rôle de ce cabinet ? Quel est son terrain d’activité ?
Badis Diab : Le cabinet Galactik France s’inscrit comme une innovation sans précédent dans l’univers du football consulting français. Nous proposons à tout footballeur amateur un processus de conseils et d’accompagnement durant sa saison sportive. Ainsi, n’importe quel footballeur amateur, quel que soit son âge ou son niveau, peut disposer des services de notre cabinet. A ses côtés, nous travaillons sur trois aspects : le physique, le sportif et le mental. Un vrai programme qui nous permet d’évaluer la progression de nos clients tout au long de leur saison.
Depuis sa création à ce jour, quel bilan faites-vous ? Pouvez-vous nous citer des sportifs que vous avez accompagnés et qui sont célèbres aujourd’hui ?
Depuis sa création en février 2016 avec mon ami d’enfance Karim Amrani, soit deux ans jour pour jour, nous dressons un bilan plus que positif. Le cabinet Galactik a pris un essor considérable en France et il est devenu une référence pour les footballeurs amateurs. Nous avons lancé une cellule aux Etats-Unis à l’hiver 2017 et les premiers résultats démontrent que notre concept est compatible sur la scène internationale. Plus de 2 300 clients ont rejoint notre cabinet ces deux dernières années et nous disposons d’un taux de satisfaction client extrêmement élevé.
Nous n’avons ni la prétention ni l’objectif de rendre des footballeurs célèbres, notre travail est axé sur le conseil et l’accompagnement de footballeurs amateurs, pour leur permettre de vivre leur passion en adéquation avec leur vie sociale.
Vous avez également créé une fondation humanitaire ; est-elle la conséquence de Galactik France ou est-ce par amour pour l’humanitaire ? Est-elle destinée uniquement aux pays africains ?
En effet, j’ai créé une fondation humanitaire en juillet 2016. Son travail s’inscrit dans le développement de l’aide à l’enfance en Afrique, un secteur radicalement différent de ce que le cabinet Galactik France propose en France. Je suis Algérien et l’Afrique fait naturellement partie de mon identité et de mon histoire. Il était logique que j’utilise les moyens en ma possession, mes relations et ma capacité à mettre en relation Africains et Occidentaux afin de créer ce mouvement d’aide à l’enfance. L’Afrique est notre seul terrain d’activité.
Quel est le profil de vos bénévoles ?
La fondation compte plus de 300 bénévoles sur le territoire français, généralement des jeunes de toutes origines et de toutes les classes de la société. Si cette fondation agit au profit des enfants africains, elle a aussi le mérite de réveiller chez de nombreux jeunes Français une conscience à vouloir aider son prochain, quelles que soient l’origine, la religion ou la couleur des enfants d’Afrique.
Votre fondation a commencé son bénévolat au Ghana puis au Nigeria et ensuite en Algérie. En tant qu’Algérien, pourquoi ne pas avoir commencé par votre pays d’origine ?
J’ai décidé en effet de débuter cette formidable aventure au Ghana car les circonstances y était réunies. Je suis Algérien mais je ne fais aucune différence quand il s’agit de venir en aide aux enfants. Je ne fais aucun favoritisme entre un enfant algérien et un enfant ghanéen, qu’il soit noir ou blanc, musulman ou chrétien. C’est justement pour cela que ce mouvement est «humanitaire».
Une fondation suppose des fonds. Etes-vous le seul donateur ?
Je ne suis pas le seul donateur. Nous avons tous types de donateurs issus de toutes classes sociales, qu’ils soient Européens, Africains ou Américains. Nous avons pu bénéficier d’une véritable diversité de dons venus du monde entier depuis la création de la fondation, ce qui rend notre fierté encore plus grande.
Comptez-vous agir à travers tout le continent africain ? Arrivez-vous à satisfaire les besoins des pays déjà visités ?
Notre objectif est en effet de pouvoir implanter ce mouvement dans le maximum de pays africains. Parler de l’Afrique entière serait prétentieux : nous ne disposons ni des moyens financiers ni des effectifs humains pour arriver à un tel résultat. Nous arrivons à satisfaire des besoins à hauteur de la dimension de notre fondation, que ce soit des classes d’école ou des orphelinats. Depuis juillet 2016, nous avons distribué des fournitures scolaires à plus de 3 000 enfants. C’est le fruit d’un travail quotidien.
Certains pays vivent des conflits armés, à l’instar du Mali, de la Libye ainsi que de la Syrie où la guerre contre le terrorisme a engendré une situation humanitaire grave. Y êtes-vous allés ? Sinon, comptez-vous le faire et comment ?
Notre fondation n’a pas la volonté à s’engager dans les pays qui vivent des conflits armés pour des raisons de sécurité en premier lieu. Ce genre de terrain d’activité est plus adéquat pour des organisations spécialisées qui font déjà un travail remarquable.
Les associations humanitaires sont légion. Quel est la particularité de votre fondation, qu’est-ce qui la différencie des autres ?
Le but de notre fondation n’est pas de marquer une différence avec le corpus des autres organisations humanitaires présentes en Afrique. Sur cette longue chaîne de solidarité déjà présente sur le continent africain, nous souhaitons représenter une nouvelle main tendue, faire partie de ce cortège de solidarité, en espérant que notre mouvement donne l’envie à d’autres encore d’agir à leur manière.
Vous avez déclaré que votre fondation se veut un soutien pour les enfants africains qui voudraient réussir dans la vie, chez eux, et que cela aiderait à réduire le nombre de prétendants à l’immigration clandestine. Pensez-vous que cela est réalisable, sachant que la communauté internationale a eu la même prétention en créant des microprojets et en apportant des fonds sans que cela n’y change rien ?
Il est vrai que notre objectif sur le long terme est de donner envie à ces jeunes Africains de participer au développement économique et social de leur pays. Le résultat du travail fourni par la communauté internationale porte ses fruits chaque jour, et chaque action qui permet à la jeunesse africaine de participer au développement du continent. Il faut simplement prendre en compte la multiplication des conflits armés dans plusieurs régions du continent qui poussent la jeunesse à fuir, non pas à cause de la situation économique, mais principalement à cause du danger que suscitent ces conflits. Le jour où ces conflits cesseront, les actions de la communauté internationale et des organisations humanitaires sur l’économie africaine seraient alors certainement bien plus visible.
Quel est le taux d’Algériens binationaux actifs en France ? Quel est leur apport à l’économie française ?
Il est difficile d’évaluer le taux de binationaux actifs en France pour de multiples raisons. La nouvelle génération de binationaux nés après 1980 est aujourd’hui présente dans toutes les classes de la société française, que ce soit dans les domaines administratif, judiciaire, dans l’industrie du sport et du spectacle, au sein des forcées armées et des forces de l’ordre, etc. L’image que l’on essaye de donner de cette jeunesse issue de l’immigration algérienne est totalement fausse, il faut simplement se rendre sur le terrain pour le constater. Nous disposons en réalité de la diaspora la plus importante et potentiellement la plus influente de France.
Nos binationaux ont, lors de différents événements, émis le souhait de faire des affaires en Algérie, mais ils se plaignent d’obstacles. Qu’en est-il au juste ?
Je ne crois pas que les binationaux rencontrent réellement des obstacles afin de pouvoir faire des affaires en Algérie. Les institutions algériennes sont aujourd’hui disposées à ouvrir les portes à des investisseurs ainsi qu’à des porteurs de projets innovants pour le pays. Il n’est pas plus difficile de faire affaire en Algérie qu’en France, chaque pays a ses avantages et de ses inconvénients économiques. Cependant, je pense que cette jeunesse algérienne de France ne trouve toujours pas sa place au sein de la société civile algérienne, pour des raisons diverses liées à la langue et à structure sociale du pays.
Je pense que les institutions algériennes devraient lancer un appel afin profiter de ces milliers de talents de France, mais aussi de Grande-Bretagne, du Canada et des Etats-Unis pour un retour en Algérie afin de participer au développement économique et social du pays. L’Algérie dispose d’une diaspora parmi les plus importantes du monde, influente à tous les niveaux. Les hautes institutions algériennes devraient en profiter.
Parlez-nous de vos projets…
Mes projets sont divers : continuer de développer les activités du cabinet Galactik France à l’international, nous implanter dans de nouveaux pays. Après la France et les Etats-Unis, nous pensons au Portugal, à l’Allemagne et à la Chine. Concernant la fondation humanitaire, nous souhaitons continuer notre travail sur le terrain et pouvoir rapidement nous implanter dans de nouveaux pays.
Sur le plan personnel, je suis en train de finaliser la rédaction d’un ouvrage qui sera publié à la rentrée 2018 par une grande maison d’édition française. J’y évoque mon parcours. Mon ouvrage a pour principal objectif d’aider les jeunes entrepreneurs à se lancer dans l’activité, à dépasser les barrières de l’appréhension et de la peur. Il se veut un ouvrage motivateur pour la jeunesse qui doute de ses capacités à créer et à entreprendre.
H. A.
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