Les Etats-Unis manœuvrent pour semer la zizanie entre l’Algérie et la Russie
Par Sadek Sahraoui – Pour Washington, l’Algérie n’est pas un pays qui compte uniquement sur le plan sécuritaire. La petite tournée effectuée la semaine dernière aux Etats-Unis par le PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould-Kaddour, révèle que notre pays est perçu aussi par les Américains comme une pièce importante sur l’échiquier énergétique mondial.
Contrairement à ce que beaucoup pensent encore, notre pétrole et notre gaz n’intéressent plus vraiment les Américains. Du moins pas autant qu’avant. Cela vaut surtout depuis qu’ils ont commencé à exploiter leurs gisements d’hydrocarbures non conventionnels. Désormais, du pétrole et du gaz ils en ont même à revendre. D’importateurs, ils sont passés au statut d’exportateurs d’hydrocarbures. Cela explique d’ailleurs les soucis que connaît aujourd’hui l’Arabie Saoudite.
Ce qui intéresse Washington, c’est que l’Algérie intègre plutôt sa stratégie qui consiste à veiller à ce que les pays d’Europe occidentale, ses alliés de toujours, ne soient jamais dépendants de la Russie d’un point de vue énergétique. C’est probablement le sens à donner au souhait exprimé par les Etats-Unis de «lancer un partenariat avec l’Algérie pour assurer la sécurité des approvisionnements de l’Europe». Et ce souhait a été formulé depuis Houston par Sandra Oudkirk, une responsable du département d’Etat américain.
L’inattendue proposition américaine soulève maintenant un certain nombre de questions cruciales. Comme celle qui consiste à savoir si l’Algérie a vraiment besoin d’un partenariat avec les Etats-Unis pour continuer à assurer l’approvisionnement en énergie de l’Europe, un travail qu’elle accomplit et maîtrise avec une précision d’horloger depuis le début des années 1970 ! La question est évidemment non pour ce qui concerne les hydrocarbures conventionnels. Si, par contre, Sandra Oudkirk faisait allusion aux hydrocarbures de schiste, il est clair que l’Algérie est encore loin de maîtriser les techniques pouvant permettre leur extraction. Mais si les Américains en parlent, cela peut vouloir dire aussi que nos gisements d’hydrocarbures conventionnels n’en ont pas pour très longtemps et que le moment est venu de commencer à produire du gaz de schiste.
Dans tous les cas, il y a visiblement lieu de s’attendre à moyen et long terme à ce que l’Europe devienne un terrain d’affrontement entre Washington et Moscou par compagnies pétrolières et gazières interposées. Un terrain où le Qatar a déjà posé un pied. La lutte pour les parts de marché atteindra probablement son zénith si un jour l’Iran parvient à rallier l’Europe avec un gazoduc qui passera par la Syrie, pays actuellement en guerre en raison, justement, de tous ces enjeux énergétiques.
La question est de savoir maintenant ce que veut l’Europe. Et à en croire Abdelmoumen Ould-Kaddour, les Européens n’ont jamais été aussi versatiles et flous, ajoutant que si partenariat il y a, celui-ci doit se faire sur une base de gagnant-gagnant.
S. S.
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