Sadi quitte le RCD : «On ne fonde pas un parti pour se l’approprier !»
Par Hani Abdi – Premier fondateur du RCD, Saïd Sadi a annoncé aujourd’hui à l’ouverture des travaux du 5e congrès du parti qu’il quitte totalement cette formation politique qu’il a dirigée pendant plus de vingt ans.
Devenu simple militant depuis six ans et n’ayant plus aucune responsabilité organique, Saïd Sadi décide ainsi de quitter totalement le RCD. Il n’est donc plus militant du parti. «N’étant pas congressiste et n’étant, plus depuis ce matin militant, je ne vais pas m’exprimer en tant que fondateur du parti comme cela a été suggéré», a-t-il affirmé lors de son intervention, expliquant qu’ «on ne fonde pas un parti pour se l’approprier».
«La philosophie qui a inspiré et nourrit le combat de notre génération postulait l’action politique comme une impulsion et un appel à initiatives. Rester fidèle à la mémoire ne signifie pas amputer sa pensée ou emprisonner son destin. Je vais donc m’adresser à vous en tant que membre d’une génération qui a initié un combat singulier dans un monde d’unanimisme politico-médiatique», a-t-il précisé, avant de revenir sur le combat politique de sa génération. «Toute formulation d’une idée hors moule, hors cadre et hors norme était sacrilège, et cette congélation intellectuelle aggravée par l’autocensure est, hélas, toujours d’actualité», a-t-il souligné, assurant n’avoir «connu aucun militant d’avril 80 qui ait voulu ou seulement pensé à monnayer son engagement pour obtenir une faveur. En cela, les leçons de 1926, de 1949, de 1954 ou de 1956 nous ont été utiles».
Saïd Sadi a affirmé que d’ultimes défis attendaient sa génération. «Ceux avec qui j’ai partagé les luttes de notre jeunesse souhaitent repenser l’évolution de notre engagement pour le rendre plus lisible et le protéger des falsifications qui ont mutilé et perverti la Guerre de libération», a-t-il soutenu, affirmant qu’«à travers la conférence interdite de Mouloud Mammeri en mars 1980, dont on vient de donner une version des plus contestables, on greffe une paternité douteuse à notre combat».
Saïd Sadi a fait référence indirectement aux récentes déclarations du secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, selon lesquelles le président Bouteflika aurait été contre l’interdiction de la conférence de Moulould Mammeri en mars 1980 à l’Université de Tizi Ouzou. «Ce n’est pas le lieu d’épiloguer sur cette dernière supercherie mais il faudra rapidement remettre les pendules à l’heure pour que les positions de tout un chacun dans cette séquence historique soient connues dans leur pleine et entière vérité», a souligné Saïd Sadi. L’ancien président du RCD dénonce ainsi «ceux qui investissent la lutte comme on ouvre une boutique, ceux qui veulent jouir de leur action politique comme on consomme le légume que l’on a planté la saison précédente, assurent que notre combat a échoué parce que nous ne sommes pas au pouvoir».
Il estime qu’il il n’y a pas grand-chose à dire à ces maquignons politiques. La raison est que, a-t-il précisé, «nous n’avons pas le même logiciel et nous n’habitons pas la même galaxie. Ils parlent promotion, nous disons émancipation ; ils disent carrière personnelle, nous répondons destin collectif ; ils cultivent les apparences, nous creusons des fondations ; ils vivent de l’instinct et de l’instant, nous construisons l’Histoire».
H. A.
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