Fronde : Bouteflika va-t-il sacrifier ses ministres ou la paix sociale ?
Par Karim B. – Le président de la République est face à un dilemme. Les grèves des enseignants et des médecins persistent et risquent de se propager à d’autres secteurs et, dans le même temps, les ministres en charge des secteurs concernés ne peuvent être tenus pour responsables dans cette situation conflictuelle qui risque de dégénérer.
Deux faits nouveaux sont intervenus hier, qui montrent clairement que les débrayages de ces deux catégories professionnelles débordent de leur cadre strictement professionnel : le communiqué de cinq groupes parlementaires qui apportent leur soutien au gouvernement et l’audience accordée par la ministre de l’Education à un imam, ancien membre fondateur du FIS.
Par ailleurs, la décision des médecins de quitter l’enceinte de l’hôpital Mustapha et de battre le pavé dans les rues d’Alger ainsi que l’escalade décidée par les syndicats de l’éducation – les élèves ont été priés de ne pas se rendre à l’école aujourd’hui mercredi – augurent une aggravation de la crise et éloignent tout espoir d’un retour à la normale dans les jours à venir.
Devant ce blocage, que va faire le président Bouteflika ? Aussi bien le chef de l’Etat que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, se murent dans un silence qui intrigue l’opinion publique, tandis que la situation se dirige vers le pourrissement sur fond de contestations – étouffées pour le moment – en raison de la cherté de la vie et de l’absence de perspectives. Les membres du gouvernement brandissent les difficultés financières du pays comme un épouvantail, au lieu d’encourager le citoyen à consommer plus pour produire plus et créer ainsi une dynamique économique à même de sortir le pays de sa dépendance quasi totale des recettes pétrolières.
Bouteflika sacrifiera-t-il ses ministres ou laissera-t-il le mouvement de grève perdurer et s’élargir, au risque de faire voler en éclats sa politique de sauvegarde de la paix sociale qu’il a achetée à coup de dépenses faramineuses dont on constate aujourd’hui qu’elles n’ont fait qu’exciter les appétits et s’amplifier la fronde ?
K. B.
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