Dernier virage
Par R. Mahmoudi – Tous les regards sont suspendus depuis hier aux conclusions de la réunion extraordinaire du Cnapeste qui se poursuit aujourd’hui à Boumerdès. Les membres de ce syndicat n’ont pas trouvé un consensus après une longue journée de débats mais la tendance est, heureusement, à la reprise du travail. Ceux qui s’y opposent encore sont ceux qui ne voudraient pas apparaître comme les «dindons de la farce», alors que pour eux, il fallait capitaliser ce puissant mouvement de protestation pour négocier en position de force.
Il appartient désormais au ministère de l’Education nationale, et plus spécifiquement à Madame la ministre, de faire quelques concessions de forme et de donner des gages de bonne intention par l’ouverture urgente d’un dialogue et l’annulation effective des mesures de radiation prises à l’encontre de plusieurs centaines d’enseignants grévistes.
Ainsi, les deux parties se doivent d’agir selon la logique qu’il n’y aura ni gagnant ni perdant dans ce bras de fer. Il y va de la stabilité du pays car cette situation – les grévistes eux-mêmes en sont conscients – ne peut plus durer. Les élèves commencent déjà, dans certaines villes du pays, à sortir dans la rue. C’est, pour l’instant, un simple «chahut de gamins», mais on sait que tous les grands débordements violents ont commencé chez nous par des «chahuts de gamins» : des événements d’Octobre 1988 au printemps noir de 2001, jusqu’aux récentes manifestations pour tamazight.
Aussi ces décisions de radiation qui touchent les enseignants ne peuvent-elles être conçues que comme un moyen de dissuasion. Les rendre effectives serait pour le moins maladroit et irréfléchi dans une conjoncture grosse de lourdes menaces sur cette paix sociale chèrement acquise.
R. M.