Un magistrat anticorruption : «Chakib Khelil peut être poursuivi en Algérie»
Par R. Mahmoudi – Depuis quelques jours, le nom de l’ex-ministre de l’Energie revient en force dans les médias qui focalisent sur lui de nouveaux regards. Selon un magistrat d’Alger, qui a exercé au sein d’un organisme anticorruption, et cité par l’hebdomadaire français Jeune Afrique, Chakib Khelil «n’est pas à l’abri d’éventuelles poursuites judiciaires en Algérie».
D’après ce magistrat, les crimes pour lesquels Chakib Khelil a été inculpé : corruption, trafic d’influence, abus de fonction, blanchiment d’argent et constitution d’une association de malfaiteurs et d’une organisation criminelle transnationale «sont imprescriptibles, conformément à la loi 06-01 du 20 février 2006 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption». «L’action publique et les peines relatives à ces infractions, explique-t-il, ne peuvent faire l’objet d’une prescription, notamment dans le cas où le produit du crime aurait été transféré en dehors du territoire national». Et de rappeler que des dizaines de millions de dollars provenant de contrats accordés par Sonatrach à des firmes étrangères ont été transférés sur des comptes détenus à l’étranger par Chakib Khelil, des membres de sa famille ainsi que des intermédiaires proches de lui.
Il y a une semaine, de nouveaux éléments enfonçant Chakib Khelil sont apparus. La justice italienne a présenté de nouvelles preuves de versements de pots-de-vin sous forme de paiement de «courses» par Saipem, filiale du géant pétrolier italien ENI, dans le but d’obtenir les faveurs de l’ex-ministre de l’Energie.
Les pots-de-vin auraient été versés sous forme de paiement de services assurés par des sociétés fictives basées à Hong Kong. Parmi ces sociétés, Pearl Partners gérée par Farid Bedjaoui, homme de main de Chakib Khelil, toujours en fuite. Le procureur italien a fait état d’un carnet d’adresses saisi par la brigade économique de l’ex-DRS en Algérie dans lequel ont été trouvés les références et les numéros d’identification de la société fiduciaire suisse impliquée dans le transfert frauduleux des sommes d’argent en question.
Les pots-de-vin qui s’élèveraient à quelque 200 millions d’euros auraient été versés par Saipem pour éliminer ses concurrents et obtenir huit marchés d’une valeur totale de huit milliards d’euros. Des faits qui ont été confirmés par l’ancien PDG d’ENI, Paolo Scaroni, et l’ancien président de Saipem, Pietro Tali, dans les interrogatoires de la police judiciaire milanaise.
R. M.
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